Les mangakas, ces bourreaux.
Satoshi Kon fut un auteur remarquable de part ses films et séries flirtant entre réalité et fiction. Avec Opus il s'attaque au support papier, une franche réussite nous attends à la fin de la lecture de ce manga.
Avant toute chose, il faut remercier les éditions Imho qui, en plus de nous permettre de lire cette oeuvre exceptionnelle, nous livrent un objet superbe, on sent qu'un soin particulier a été fourni pour Opus, autant au niveau du papier, la couverture avec un très beau rouge (et bleu pour le deuxième tome), des annotations sur l'auteur et son oeuvre en fin de deuxième tome, et également un format très agréable pour la lecture.
Le pitch est très original, on suit les aventures d'un mangaka qui se retrouve au sein de sa propre oeuvre confronté aux personnages qu'il a créé qui cherchent à braver l'inévitable fin qu'il leur impose. Là où Opus excelle, c'est concernant les remises en question de ces personnages, celles-ci sont tellement naturelles et sensées qu'on ne peut que les comprendre et se mettre à leur place. On parle de manipulation, de destinée forcée, de questionnement sur sa propre existence. Satoshi Kon impressionne par la maîtrise de sa narration, et cette originalité dans le thème traité.
Et ça ne s'arrête pas là, le dessin est juste superbe, détaillé et surtout dynamique, chaque mouvement, chaque expression est maîtrisé. On reconnaîtra l'influence d'Ôtomo, je ne suis pas le seul à le dire, et c'est clairement un compliment. Et le rythme de lecture sans temps mort, appuyé par un découpage originale, montre une nouvelle fois que feu Satoshi Kon est un des mangaka les plus doués.
Une lecture qui m'a clairement comblée, une expérience à vivre, un petit chef d'oeuvre à ne pas manquer.
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