J'ai commencé à lire Pandora Heart après les recommandations insistantes d'une amie dont c'est le manga préféré. La connaissant plutôt comme une adoratrice inconditionnelle de shôjo ce qui n'est vraiment pas ma tasse de thé (étant un mec il faut dire que je ne suis pas vraiment la clientèle ciblée...) je l'ai commencé avec pas mal d'appréhension. Et pourtant je peux maintenant dire que je le place sans problème sur mon podium auprès de Tokyo Ghoul et Ikigami. Ce manga a été une vrai révélation, tant du point de vue de l'univers, du scénario que des personnages. Je vais tenter ici une petite revue des principaux défauts qui lui sont reprochés, souvent à tort. Je reprendrai volontairement des termes quel'on trouve dans d'autres critiques du site
1) "Un graphisme peu lisible et "froufrouteux""
Sur ce point, force est d'avouer que le dessin n'est au départ la qualité première de l'oeuvre. Dans les premiers tomes notamment le dessin est assez irrégulier, notamment au niveau des visages personnages. L'univers victorien se rapproche assez de ce que l'on retrouve dans Black Butler par exemple mais est techniquement moins abouti. Cependant il faut bien comprendre que c'est la première série de l'auteure. Et, ce qui était sans doute un défaut au début devient au fil du manga une qualité. Très vite le dessin s'affine et l'expression des sentiments devient saisissante. Le seul reproche que je ferai aux dessins est le manque de différence entre les différents personnage qui rend parfois difficile la distinction( Notamment pour Oz/Break/Vincent).
2) un pur Shônen
Si les critiques au niveau du graphisme peuvent se justifier, ce genre d'allégation me semble être très loin du compte. Alors oui, étant donné le magazine de publication, il ne fait aucun doute que PH est un shonen mais ce n'est pas un shonen au sens où beaucoup l'entendent. Comparer PH à Naruto ou DBZ serait faire une grave erreur. Si l'auteure a fait des personnage d'Oz, le gentil héros naïf, qui croit au pouvoir de l'amitié , Gil l'inconditionnel ami, Alice la tsundere gloutonne des archétypes des héros de Nekketsu, ce n'est que pour mieux déconstruire cette illusion par la suite. Car oui les personnages représentent plus le pouvoir de l'égoïsme que celui de l'amitié...
Si vous pensez que les chain sont des super pouvoirs et que la série va s'articuler autour des combats entre les chain, vous êtes loin du compte. Les chain sont plus comme des alter ego que l'on trouverait de l'autre coté du miroir. Ils sont surtout le principal rattachement de l'oeuvre à celle de Lewis Carol, un monde complètement foutraque où se mêle le rêve et la réalité.
Enfin si vous voyez PH comme un manga assez gentillet c'est que vous n'avez pas dépassé le troisième ou quatrième tome. PH est un manga qui est au contraire assez pesant, où la mort n'est jamais très loin, où les questionnement sont assez sombres( c'est quand même l'histoire d'un mec qui veut comprendre en quoi sa propre existence est-elle un péché...). En fait en lisant PH je n'ai pas arrêté de penser à Tokyo Ghoul. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais j'ai trouvé que ces deux mangas se ressemblaient beaucoup(enfin je sais pourquoi mais ce serait trop long à expliquer).
Enfin, bien que publié dans un magazine de shonen, PH est indubitablement une oeuvre féminine, tant dans le dessin que dans la manière d'aborder les événements et les relations sociales( sans parler de l'aspect éminemment homoérotique de certaines situations ou dessin). C'est vraiment un manga qui peut plaire à tout âge et quelque soit le sexe.
Au fait, c'est garanti sans fan service( ou presque).
3) Une histoire complètement décousue
Non, non non, là encore ce sont des critiques qui ne tiennent que sur 3 ou 4 tomes. Oui l'histoire est un puzzle que l'on reconstruit au fur et à mesure. Comme tout puzzle il faut être patient, quand on commence il faut d'abord séparer les pièces avant de les rassembler.Et quand on commence, ça fait un joyeux bordel sur la table. C'est un peu ce à quoi servent les premiers tomes. La narration y est décousue, elle part dans tous les sens mais s'affine à mesure que l'on se rapproche du dénouement. Elles finissent par s’emboîter parfaitement. L'histoire n'est en réalité pas particulièrement complexe, elle demande juste de l'attention.
Je peux comprendre également que les gens ne soient pas tous des fans de twists mais là où de nombreux mangas mettent 15 tomes pour nous servir un retournement de situation archi convenu( Ah mais en fait Tobi c'est Obito, c'est dingue je n'y avais même pas pensé), PH base toute sa narration sur des retournements qui sont à la fois surprenants et parfaitement cohérent. Et ils atterrissement pas là comme un cheveu dans la soupe.
En fait c'est juste que PH est un manga qui supporte assez mal d'être lu en dilettante.
La révélation de la vrai nature d'Oz est pour moi l'essence même du bon twist. Celui qui te fait dire Ah mais en fait Oz était la chain de Jack? Cette chose totalement évidente en y repensant mais qui ne t'aurait jamais traversé l'esprit.
4) Totalement cliché
Alors OUI... et NON.
Oui PH est totalement cliché dans sa représentation de l'époque victorienne avec ses costumes de théâtre, ses majordomes etc...
mais non, les personnages sont tous sauf cliché, l'évolution non plus.
Bon je l'accorde, le début se repose pas mal sur les clichés du shonen, mais comme je l'ai dit plus tôt ce n'est que pour mieux déconstruire cet aspect formaté lorsque le présent et le passé, le réel et l'irréel se mêlent.
Bilan 9/10
Chara design 7/10
Graphismes 7/10
Personnages 9/10
Scénario 10/10