Sous une multitude de couleur et un trait simple se cache la panthère. Panthère est un roman graphique de Brecht Evens. Une œuvre se concentrant sur l'enfance, une période qui peut devenir dangereuse.
Pour mieux comprendre, Panthère raconte l'histoire de la jeune Christine qui a perdu son chat Patchouli. Naturellement, elle est triste. C'est alors que surgit du tiroir une majestueuse panthère. Sous son aspect rassurant, on découvre qu'elle cherche à manipuler la jeune fille et y parvient. L'enfant découvre une forme d'amitié inhabituelle. Leur relation secrète devient de plus en plus étrange, voire malsaine, sans que la jeune Christine ne s’en rende véritablement compte. Bien que le style employé puisse paraître enfantin, l'ouvrage n'est pas destiné à être remis entre toutes les mains. Tout au long du roman, rien n'est dit mais tout est sous-entendu. Le lecteur est libre d'interpréter les intentions de la panthère. Toute la force et le charme de cette œuvre se trouve dans cette liberté laissée par l'auteur.
Brecht Evens crée une ambiance colorée, remplie de motifs avec un contenu bien plus adulte et noir. Cela rend l'ensemble très anxiogène. L'illustrateur prend le contre-pied des auteurs de littérature jeunesse rendant les animaux féroces gentils et amicaux. Ici, l'animal coloré sert d'analogie à l'hypocrisie si chère au genre humain. Même si la panthère est arc-en-ciel, ce n'est qu'une simple couche, elle reste une panthère.
Mon interprétation est que ce roman graphique parle de la confiance qu'un enfant peut accorder sans jugement. Il est aussi question de séduction, de culpabilité, et de conscience morale. Des thèmes qui rendent définitivement l’œuvre inaccessible aux enfants.
J'ai rarement eu une lecture aussi contrastée, dans le sens où j'aimais et je détestais ce que je lisais. Grâce au médium (aquarelle), l'illustration de l'auteur a une vraie force évocatrice. Même si le style de l'auteur est rempli de motif et semble très décoratif, semblable à des emballages de bonbons acidulés, le contenu reste sombre et dérangeant. De ce fait, l'illustration est essentielle au discours de l'auteur, car sans celle-ci, le texte ne serait pas aussi puissant.
Tout cela fait de Panthère une œuvre aussi violente que belle, comme j'aimerais en lire plus souvent.