S'il y a un film qui a marqué mon enfance, c'est bien Kirikou et la sorcière. Bien qu'à l'époque je le visionnais sans cesse, ce n'est qu'aujourd'hui que je prends conscience de sa portée.
Kirikou et la sorcière est un film de Michel Ocelot rendant hommage à la beauté de l'Afrique. Il conte l'histoire du jeune Kirikou, voulant sauver son village des maléfices de la sorcière Karaba. Derrière un scénario très simple, similaire à une succession de fables, Michel Ocelot nous offre à voir une facette méconnue des contes africains avec son personnage fétiche.
Kirikou cherche des solutions au conflits. Même s'il fait preuve de bravoure, ce n'est pas son objectif premier, il l'est uniquement quand c'est nécessaire. L'intelligence du personnage se trouve surtout dans la conscience de ses défauts.
Kirikou sait qu'il n'est pas grand, alors il se sert de sa tête pour parvenir à aider ses proches. Il ne veut pas anéantir Karaba, mais la comprendre en posant sans arrêt des questions. C'est pourquoi ce film est si bien pour les enfants. Il inculque des valeurs et pousse à être curieux du monde qui les entoure. Il s'intéresse également à la perception des défauts comme le montre la chanson de Yousou N'dour : « Kirikou n'est pas grand mais il est vaillant, Kirikou est petit mais c'est mon ami (…)». De manière très ludique, la chanson montre que si nous avons un défaut, c'est que nous avons aussi une qualité.
L'autre facette du film est sa diversité. J'éprouvais une certaine joie d'avoir un héros de film à qui je pouvais m'identifier pleinement. Autant dans dans l'âge, dans la réflexion, la couleur mais surtout dans la culture*. Mais je pense que cela m'est propre et que Kirikou s'adresse à tous les enfants. Là où ce film excelle, c'est qu'il montre de la diversité sans devoir en parler ou la démontrer. Il n'en fait pas le sujet du film et la rend presque secondaire.
Michel Ocelot a conçu un film sur la culture africaine, uniquement avec des Africains tout en ne parlant jamais de racisme. C'est quelque chose qui peut sembler anodin, mais c'est un détail important. En effet, il n'a pas à ajouter plusieurs origines ou plusieurs cultures dans son histoire pour s'adresser à tous, son histoire le fait déjà.
Kirikou est un très bon exemple de film avec une morale convaincante. J'espère que d'autres films comme celui-ci émergeront encore, montrant ainsi la diversité de notre monde sans devoir se justifier des cultures ou des origines.
*La première fois que j'ai vu Kirikou, c'était au Togo, mon pays d'origine. Même si les paysages ne sont pas les mêmes, j'y retrouvais beaucoup de similitudes