Invasions barbares
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C'est ma première BD de Paul, même si je sais que je manque de respect à la chronologie de la série. Cette BD place Paul dans la jeune cinquantaine, donc je présume que les autres tomes font référence à sa vie avant 51 ans.
Nous avons donc un québecois illustrateur de BD en pleine désillusion, quelque part entre les regrets et les espoirs déçus où malgré tout percent quelques graines d'espoirs. Paul me semble du genre lucide, introspectif et un brin philosophe. Il critique la société sans condescendance, parce que lui même semble prit dans certains engrenages pernicieux. Paul voit sa mère refuser les traitements de chimiothérapie, sa fille organisant son départ pour l'Angleterre, tout en jonglant avec une vie amoureuse boiteuse qui n'est pas aidée avec tous les complexes de son âge et les sites de rencontres à la clientèle douteuse.
Oui, Paul en a des soucis! Sa piscine qui ne veut pas devenir claire, sa maison qui semble bien grande pour un célibataire et son chien, son corps qui vieillit peut-être pas de façon aussi harmonieuse qu'il le souhaite et cette société surexposée aux écrans, aux standards pas très élevés et à la surconsommation évidente. Un portrait plutôt tristounet, vous diriez-vous. Mais la cinquantaine, ce peut aussi être le temps d'apporter des changement? Ou considérer la vie sous un angle différent? Paul me donne l'impression de vivre une petite révolution tranquille intérieur, sans violence, sans éclat, mais avec une certaine authenticité agréable. C'est un personnage attachant, assez près de nous , mais sans tomber dans le stéréotype. Je n'ai pas son âge, mais il y a beaucoup à apprendre du sien et je reconnais souvent la génération qu'il incarne sur plusieurs facettes.
La page où Paul critique les affiches de Desjardins montrant de jeunes retraités fringuants et riches, alors que lui s'imaginait une affiche de lui-même vieux, semi-autonome, en jaquette dans un fauteuil et nourrit par une infirmière dans un CHSLD, m'a beaucoup touchée. Sans doute parce que Paul est plus près de la réalité que les affiches de Desjardins. Vieillir en santé et qui plus est, avec les moyens financiers permettant de jouir d'une vie active et intrépide, soyons francs, bien peu d'entre nous en seront capables. Que ce soit pour la génération actuelle ou a venir, d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, ça m'a fait réfléchir cette image.
C'est amusant, mais je trouve que la couleur de page couverture sied bien à Paul, tout en nuances de gris, tantôt sombres, tantôt claires. Et le gris, c'est la balance entre noir et blanc comme la cinquantaine, qui est balance entre jeunesse et vieillesse. Oula, je me fais philosophe tout-à-coup!
Somme toute, j'ai apprécier ma lecture, qui s'est révélée ludique et instructive, un peu poétique et philosophique. Une série bien calibrée et bien de chez nous, avec un dessin qui sied aussi bien à la jeunesse qu'au lectorat adulte.
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Créée
le 28 mai 2020
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