L'humanité selon deux créatures volantes, episode 1: l'oiseau.

Vous savez ? Depuis le temps que je voyage au travers des œuvres de la pop culture du monde entier, il est toujours fascinant de voir qu'on peut tomber encore sur des récits fondateurs, des Jupiters culturelles, des trucs si grands qu'on se demande comment on a pu passer à côté. Nombreux sont les auteurs ayant fait des œuvres métaphysiques gigantesques. Que cela soit Cloud Atlas de David Mitchell, Billy Bat de Naoki Urasawa ou dans d'autres mesures la saga des odyssées de l'espace d'Arthur C. Clarke et consort, il y en à un avant tous ces noms qui s'était prêté a l'exercice et cet homme, c'est Osamu Tezuka.

Revenir sur son œuvre de manière exhaustive est quasi impossible et ce n'est pas vraiment ce qui m'intéresse pour cette critique. En gros, c'est le papa d'Astroboy, du roi Léo, de black jack, de l'histoire des trois Adolf et autres 700 œuvre et c'est celui qui a fait cette œuvre à la fois confidentielle et légendaire nommée Phénix, l'Oiseau de feu. Raconter Phénix en quelques lignes, c'est un peu comme raconter l'humanité en quelques lignes: globalement, accrochez-vous, car ici, c'est sur 11 tomes étalés sur 20 ans que celui qu'on appelle à juste titre le dieu du manga ou encore le papa du manga moderne nous propose des portraits variés de personne au travers de diverses époques qui vivent des histoires différentes et déconnectées les unes des autres avec comme seul lien narratif: un oiseau, un phénix immortel. L'œuvre a beau avoir commencé en 67 et terminé aux alentours de 88 (même si malheureusement, son phénix s'est trouvé plus immortel que son auteur) et malgré un trait forcément vieillot, elle n'a pas du tout perdu en inventivité narrative. Par exemple, dans l'histoire nommé "l'espace" il arrive à nous raconter les pensées de quartes personnages en même temps grâce au cassage des cases via des petits interstices qui relie tout subtilement et efficacement ou encore dans temps et troubles, un récit en deux parties, où les coups de sabres sont si violents que ça en déchire le papier lui même. Il est également d'une puissance redoutable pour parler de sujet grave ou importants. Que cela soit l'amour, la peur de la mort, le pardon ou encore la renaissance en tant que thèmes principaux, on est baladé au travers du temps dans une narration non linéaire en suivant des protagonistes face aux injustices de leur époque et surtout très humains, car imparfait. Ne serait-ce que dans le premier tome, j'avoue m'avoir poser la question des limites du pardon, car le héros de ce tome est forcé de faire équipe avec l'homme qui a dirigé l'assaut qui a détruit son village et tous ceux qui connaissait. Peut-on pardonné n'importe qui et ce peut importe ce qu'il a pu vous faire ? Personnellement, je ne pense pas, mais cette BD offre, je trouve, de bons contre-arguments et amène à des réflexions de ce genre très intéressantes. Une des particularités de cette œuvre et de son auteur est de savoir jonglé entre le cynisme et l'humanisme, car autant il à des récits qui finissent plus que mal, d'autres, quant à eux, possèdent des fins avec une touche d'espoir, ne serait-ce que part son personnage central: un phénix cosmique immortelle qui regarde l'humanité et dans son cycle sans fin de violence, d'amour, de vie, de mort, de haine et donc d'espoir.

Ce que je vais dire ici ne relève que de la supposition, car en cherchant vite fait sur internet, je n'ai pas trouvé d'idée qui confirmait ce que je m'apprête à dire. Malgré les nombreuses adaptations de Phénix, j'ai l'impression que cette histoire de Tezuka reste un récit d'initié et forcément, étant japonais, il a tout d'abord beaucoup marqué son pays au sens large et c'est pourquoi dans l'histoire "le mal du pays" (adapté récemment sous le nom de Phénix: Eden 17) on peut y retrouvé une scène qui m'a rappelé la fin de la partie 2 de JoJo's Bizarre Adventure, à savoir Battle Tendency, qui, sans spoiler, inclus une surface rocheuse propulsée dans l'espace alors que le héros s'y trouve encore dessus. Autre cas (même si là c'est plus évident) le cas de Billy bat, D'Urasawa (prochaine critique de ce diptyque manga) qui est clairement son Phénix même si la série du créateur de Monster est bien plus linéaire que la série de one shot de Tezuka, mais on y reviendra, car l'aura du créateur du roi Léo est partout chez lui.

Si je devais me risquer à une analyse globale et sans spoil de son portrait de l'humanité, je dirais que même si on est aveuglé par des idées ancestrales dont on ne sait même plus la source de ces pulsions, je dirais que l'auteur était assez optimiste sur la finalité globale même si pour cela, il faut réussir à passer par d'horribles étapes. Je ne sais pas moi-même si l'humanité finira si bien que ça et d'ici là, vous comme moi, on ne sera plus là... grosse ambiance, donc. Quoi qu'il en soit, je suis en train de parler de cette œuvre bien 40 ans après sa "fin" de sa fresque inachevée (même si encore une fois il a eu l'intelligence d'expulser le commencement et la fin dès les deux premiers tomes.) Et vu que ces idées ont parcouru le monde jusqu'à aujourd'hui, j'imagine que cet homme dont il serait relativement logique de le trouvé un tantinet optimiste béat à réussi son coup, finalement. À tel point qu'un homme l'ayant découvert au lycée est devenu mangaka et a donc continué son périple légendaire avec ses mots, sa fresque épique, en d'autres termes: son Billy Bat, sa chauve-souris immortelle !

AxelCourdy
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le 25 févr. 2024

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