Le titre m'intrigue depuis sa sortie, je suis content d'avoir enfin pu le lire. C'est une très belle BD. Le dessin et le découpage de Bertrand Gatignol sont vraiment magnifiques et forcent le respect. Sacré découverte. Il y a un mélange d'influences européenne avec l'étrangeté qu'on croise dans les films d'animations de Miyazaki ou du Studios Madhouse, avec des créatures étonnantes et bizarres, une vraie étrangeté dans tous les personnages qui sont à la fois mignons et tous légèrement angoissants, et un vrai sens de la scène forte. La séquence à la fin de l'ouvrage est d'une puissance narrative qu'on croise malheureusement trop rarement, rappelant les plus grands et intenses moments de films comme Mononoke ou Chihiro. C'est très très bon.
Il y a donc un côté indéniablement attractif dans l'atmosphère de l'ouvrage. Ce mélange de poésie douce et d'une ambiance en permanence un peu étonnante, mystérieuse, inquiétante et mélancolique. C'est assez unique, surtout dans une BD visant au moins en partie un publique jeunesse, et c'est ce qui fait la force de cet ouvrage. Tout comme l'univers ultra simplifié, limité à très petit nombre de personnages, mais qui fonctionne comme des symboles qu'on essaye de décrypter tout le long de l'ouvrage.
Toute l'histoire se veut d'ailleurs comme une métaphore, mais dont le sens n'est pas forcément évident à comprendre immédiatement en première lecture (surtout si vous êtes un peu naze en général au niveau du décodage des différents niveaux de lecture d'une oeuvre, comme moi). C'est une très belle fable un peu tragique, mais pas forcément hyper accessible. Et je me demande comment les plus jeunes apprécie cette histoire, si elle n'est pas trop absurde pour eux. Mais je sous-estime certainement nos chères têtes blondes.
J'aime aussi l'initiative des auteurs et de l'éditeur d'avoir fait une histoire sous forme d'un simili manga sans faire totalement de la copie de la narration japonaise. Une sorte d'hybride qui correspond à la personnalité des auteurs. On voit ça trop rarement (Max Winson ou Scott Pilgrim ont fait un peu ça eux aussi), alors que c'est un excellent format pour raconter une histoire.