Planetary traînait depuis un an sur ma pile de lecture, mon marque page bloqué à la fin du premier épisode, pourtant de qualité. Rien qu'avec l'incipit de cette critique, il est clair que je ne suis pas tombé sous le charme de ce comics pourtant réputé.
Néanmoins il ne m'aura fallu qu'un soir pour dévorer ce tome. Car Planetary est une lecture à la fois d'une complexité folle et d'une simplicité bienveillante. Pour ce second point, l'aspect serial reste un argument majeur. Un épisode, une histoire, formule ô combien éprouvée par le medium des comic-book. L'aspect graphique aide énormément par ailleurs, avec déjà le duo de choc John Cassaday / Laura Martin qui aura fait les beaux jours des Astonishing x-men. Enfin, le héros découvre cette fameuse organisation Planetary en même temps que nous et sert d'intermédiaire pour initiation du lecteur à cet univers un peu fou. La folie c'est celle d'Ellis qui décide de faire de cette série un condensé de tout ce qu'il y a d'étrange dans l'imaginaire collectif, prenant comme héros des archéologues de l'étrange. Contrairement à un X-Files l'aspect fantastique est assumé et les super-pouvoirs sont présents d'entrée de jeu, de même que la notion de multivers en forme de flocon de neige, élément récurrent et troublant. Si les références sont nombreuses et agréables, je ne suis pas de ces lecteurs à qui elles font crier au chef d'oeuvre. Il faut un noyau dur d'histoire autour duquel brodé, il faut un fil rouge à toutes ces aventures extravagantes autour du globe. Cela s'articule autour du mystérieux flocon de neige, des antagonistes présentés sous l’appellation des quatre et dont les noms refont toujours surface lors des affaires louches, des enfants du siècle nés le 1er janvier 1900 dotés de dons incroyables, du héros et sa mémoire lui faisant défaut et qui se sait lier à tout ça d'une manière ou d'une autre.
J'aime ces histoires à la Morrison, désormais à la Hickman, où le lecteur n'est jamais pris par la main. Ces séries dont les épisodes font écho à des noms déjà croisés et qu'il faut faire un effort d'attention pour se remémorer à quel moment (voire un effort du poignet pour revenir en arrière et retrouver la page en question). Warren Ellis maîtrise non seulement ses personnages - avec un trio absolument pas conventionnel, ni même attachant, juste très bien écrit - mais il maîtrise surtout ce fil rouge. Il guide le lecteur dans un chemin obscur qui je l'espère se montrera à la hauteur. Le cliff du tome (en tout cas des épisodes de la série régulière) se montre correct, prévisible car je l'avais deviné au vue des indices proposés, mais satisfaisant, ouvrant sur de nouvelles perspectives pour le second et dernier tome.