Platinum End, c’est un peu comme une soirée karaoké où les créateurs de Death Note tentent de chanter une nouvelle mélodie… mais finissent par massacrer un classique. Tsugumi Ōba et Takeshi Obata reprennent leur duo légendaire pour un manga où anges, batailles existentielles et flèches magiques se croisent. Sur le papier, c’est brillant, mais à la lecture, ça sent le plat réchauffé.
L’histoire commence avec Mirai, un jeune homme dépressif qui, au moment de sauter dans le vide, est sauvé par un ange nommé Nasse. Elle lui offre des pouvoirs dignes d’un jeu vidéo : des ailes pour voler, une flèche rouge pour séduire n’importe qui (oui, c’est aussi creepy que ça en a l’air), et une flèche blanche pour tuer. Le tout dans le but de devenir Dieu (rien que ça), dans une compétition royale façon Battle Royale.
Première impression ? C’est dense, dramatique et surjoué. L’idée de départ est intrigante, mais elle s’enlise vite dans des dilemmes moraux forcés et des personnages qui philosophent plus qu’ils n’agissent. Mirai, le héros, est un mélange de timidité extrême et de moralité rigide qui finit par agacer. Quant à Nasse, son ange gardien, elle oscille entre adorablement innocente et terriblement manipulatrice, sans jamais vraiment devenir captivante.
Visuellement, Takeshi Obata sauve un peu les meubles. Les dessins sont magnifiques, avec des scènes d’action dynamiques et des designs angéliques qui claquent. Les ailes translucides et les flèches brillantes, ça en jette. Mais aussi beaux soient les décors, ils ne parviennent pas à masquer le manque de substance de l’intrigue.
Le gros problème de Platinum End, c’est son écriture. Les thématiques abordées – la vie, la mort, le pouvoir, la morale – sont ambitieuses, mais elles sont traitées de manière si lourde et didactique qu’elles perdent leur impact. Les dialogues ressemblent parfois plus à des dissertations qu’à de vraies conversations, et les twists dramatiques, qui devraient nous tenir en haleine, tombent souvent à plat.
Les antagonistes ? Un patchwork de clichés. Entre le "méchant qui veut dominer le monde" et les autres candidats unidimensionnels, aucun ne parvient à vraiment terrifier ou intriguer. Même Metropoliman, l’archétype du super-vilain, finit par ressembler à une caricature plutôt qu’à une menace sérieuse.
En résumé : Platinum End est une tentative ambitieuse mais maladroite de recréer la magie de Death Note. Si le style visuel est impeccable, l’histoire s’étouffe sous le poids de ses propres ambitions, avec des personnages fades et une intrigue qui manque de mordant. Une lecture qui fait rêver par moments, mais qui finit par chuter comme Mirai au début du manga… sans l’ange pour rattraper le coup.