Alors qu'on se rapproche de la conclusion de cet étrange projet qu'est "Pluto", avec sa combinaison impossible de complexité thématique (politique, émotionnelle, voire spirituelle) et de fantaisie guerrière (un mariage clairement contre-nature, et n'en est que plus passionnant), on voit logiquement le scénario d'Urasawa se mettre a converger peu à peu vers la science-fiction enfantine de Tezuka : ce tome 7, à la narration parfois épineuse dans son traitement des flashbacks et des souvenirs, nous offre l'habituel mélange de sentimentalisme exacerbé (les enfants, comme toujours, bien sûr...), de thriller horrifique et de scènes de destruction massive, un mélange toujours magnifié par la beauté des idées graphiques d'Urasawa qui viennent se substituer au trait rond et parfait de Tezuka pour conter, au final, peu ou prou la même histoire. Une histoire d'innocence perdue du fait de la brutalité du monde (ambition individuelle, corruption du pouvoir politique, folie exterminatrice... On connaît la chanson), une histoire éternelle d'affrontement entre l'intelligence abstraite et la pureté du cœur. Des clichés - new age, pacifistes, écolos -, certes, mais revisités avec quelle imagination et quelle puissance ! [Critique écrite en 2011]