Avec Polar Extrême, Jodorowsky revisite le thème du roman noir via un personnage des plus amoraux et dégueulasses : Gilles Hamesh, en référence au demi-dieu mésopotamien Gilgamesh connu pour ses excès et sa violence. La plume dégoulinante mais non moins talentueuse de Durandur vient noircir le tableau, conférant à cette BD une ambiance poisseuse et sombre, d'un nihilisme à faire pâlir le chaos.
Toutes les fanges malodorantes de la société y sont représentées à travers cinq enquêtes : drogue, racisme, sexe extrême, masturbation, trafic humain, exploitation, meurtres sordides, homophobie, violence gratuite, viscères à l'air... Si le contenu est un brin vomitif, notre doux dingue espagnol au nom slave ne manque pas d'humour pour conter cette épopée d'un cynisme unique teinté d'un esprit hard-boiled démesuré.
Cet humour plus que noir est appuyé par des mono et dialogues anthologiques, prononcés dans un argot d'une rare qualité. Si le détective Gilles Hamesh est le pire héros possible, on s'attache tout de même à lui, reflet d'une civilisation décadente qui se complaît dans la destruction. Hilarant, dégoûtant et fascinant sont les trois qualificatifs qui décrivent le mieux ce Polar Extrême.