Alors que les terriens ont colonisé la lune pour y vivre, ceux-ci s’ennuient tellement qu’ils décident tous de la quitter l’un après l’autre. Seules très peu de personnes dont un policier restent fidèles à leur poste et continuent d’y séjourner malgré le peu d’activité. Non pas par paresse mais plutôt par sens du devoir. A la fin, il ne restera sur la planète que 2 êtres qui semblent s’être trouvés.
Ecrite et dessinée par Tom Gauld, cette bande dessinée poétique, se lit facilement et rapidement. Le scénario minimaliste, nous dépeint la routine du policier à longueur de journée (du réveil à son travail monotone en passant par le magasin de donuts pour prendre un café). On nous montre un quotidien très loin de l’héroïsme stéréotypé que l’on nous présente souvent dans le rôle dévolu à cette profession.
Cela n’empêche pas l’œuvre de faire preuve d’humour comme pour compenser la monochromie des cases. En effets, le bleu de l’espace renforce l’idée de platitude des paysages lunaires où rien d’excitant ne se passe et pourtant les hachures dans les dessins donnent un certain volume par contraste avec cet ennuie. Ce décalage est assez présent entre le passé historique (1er pas sur la lune de Neil Armstrong) et le futur assez fade et ennuyeux, que l’on nous propose ici. On se retrouve face à un « rêve » devenu réalité (quitter la planète terre pour aller vivre sur la lune), qui se révèle être une chimère puisqu’au final, les colons décident tous de retourner vivre sur terre, à part 2 personnages obligés de rester (le policier et la vendeuse de donuts).
Cette utopie de vivre sur un astre sans vie où on est obligé de vivre sous cloche (faute d’atmosphère) est bien retranscrite par l’économie des décors mais aussi des personnages et la pauvreté des dialogues qui donnent une impression de vide sidéral. Elle est également renforcée par les dessins assez simples ainsi que par les formes géométriques, à l’image des legos chers à l’auteur. Le rythme de la narration est quant à lui relativement lent presque mélancolique comme dans une rêverie amoureuse.
On retrouve cela dans la fin qui est plutôt convenue, avec le rapprochement du policier et de la vendeuse de donuts. Ils regardent une vue imprenable de la terre à l’instar du cliché des films américains où l’on voit deux amoureux en voiture en haut d’une colline, surplombant une vue romantique éclairée par la lune. Même si c’est une belle image, la conclusion aurait pu être plus originale.