"Pot-bouille": cuisine ordinaire, tambouille médiocre des familles.
Sous le titre mystérieux et argotique qu'Emile Zola a donné à son roman, dixième tome des Rougon-Macquart, c'est bien un vrai pot qui se cache. Pot de chambre, pot à tambouille ou pot à ordures, c'est cette boîte de Pandore aux relents fétides que le jeune Octave Mouret, jeune arriviste aux dents longues débarqué de sa Provence, ouvre en franchissant le seul d'un immeuble haussmannien de la rue de Choiseul. de la grande bourgeoise à la servante, du commerçant aisé au concierge aigri, c'est un portrait naturaliste sans concession que brosse le grand écrivain.
Cédric Simon et Eric Stalner signent ici une superbe adaptation de ce roman complexe très visuel où chatoient les étoffes, les cristaux des salons et les apparences toujours trompeuses. L'oeuvre du Maître a été comprise, analysée et retranscrite avec talent tandis que les dessins enchantent l'oeil et comblent l'imagination. Regards en dessous, sourires carnassiers, coups bas, petits arrangements entre "amis", la plume et le crayon ont su rendre vivante cette réalité crasse sur laquelle surnagent tant bien que mal l'amour, l'ambition, la naïveté et la détermination des esprits éclairés.
Coup de chapeau haut-de-forme aux deux auteurs.