Le saigneur des agneaux
Ça m’a rappelé mes années d’étudiant, tout ça : les débats – fort théoriques, en l’occurrence ! – sur la légitimité de la violence, l’efficacité comparée des réformistes et des...
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le 14 août 2019
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Ça m’a rappelé mes années d’étudiant, tout ça : les débats – fort théoriques, en l’occurrence ! – sur la légitimité de la violence, l’efficacité comparée des réformistes et des révolutionnaires ou le rôle de la police dans tout ce bordel. Pour être franc, autant sur le coup je trouvais ces moments palpitants, et je les vois maintenant non sans tendresse, autant les fictions axées sur la politique, que ce soient des romans, des séries télévisées ou des bandes dessinées, n’ont jamais été ma tasse de thé. Dans Pourri jusqu’à l’os, de façon assez étrange, ça passe, principalement car le scénario brouille quelques cartes.
Il ne dément pourtant pas fondamentalement la lecture politique que je proposais dans ma critique du volume 30. Dans les grandes lignes, la notion de répartition du travail n’y est jamais malmenée et celle de dérives individuelles y prend une importance croissante. En gros, dire qu’un système dysfonctionne à cause d’éléments qui ne sont pas fiables (par exemple la critique social-démocrate du capitalisme) ou qu’il fonctionne grâce à des éléments qui remplissent davantage que leur rôle (mettons l’analyse sommaire du système éducatif en France), devrait amener à le remettre en cause en tant que système ; mais concrètement, dans les deux cas, on se contente de dire qu’il fonctionne, sans se demander jusqu’à quand.
La fracture entre les personnages qui semble se dessiner dans Pourri jusqu’à l’os, suit précisément cette ligne. C’est assez logique, dans la mesure où l’attitude face à l’apocalypse ne peut plus avoir cette fonction de pierre de touche. Il y a donc celui qui veut renverser les choses, celui qui veut les améliorer doucement, celui qui veut devenir calife à la place du calife sans modifier le califat, celui qui s’imagine pouvoir lentement s’imposer…
L’intérêt de ce volume réside précisément dans le fait que les personnages principaux – ou qui s’imposent ainsi comme personnages principaux – ne sont pas figés dans telle ou telle attitude assignée d’avance. C’est particulièrement marqué chez Michonne, qui nous la joue mi-mère poule, mi-Antigone. Mais d’une façon générale il est assez rare, dans Walking Dead, que les actions présentes d’un personnage ne s’accordent pas avec son passé, ou son attitude avec son caractère, ou ses actes avec ses pensées, ou le résultat de ses actes avec l’intention qui les guidait… pour qu’on regrette que cela se produise dans Pourri jusqu’à l’os.
Ma critique du tome 30 ici.
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Créée
le 14 août 2019
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