Et ben voilà, je m'en doutais : à la fin, on a une révélation choc impossible à anticiper, histoire de bien retourner le cerveau du lecteur.


Un récit comme je les déteste, où l'auteur tente de recoller les morceaux. Je pense qu'une bonne partie des éléments étaient prévus dès le début, mais quel intérêt de nous les cacher ? De la sorte, on a raté le plus intéressant justement, à savoir l'approfondissement de ce qu'est le Blast réellement. D'ailleurs, le Blast, entre nous, j'avais un pue oublié que c'était le sujet, mais soit... Donc l'auteur recolle les morceaux et va même jusqu'à faire la pire chose qui soit : nous dire que tout ce qu'on a lu jusque là n'était que mensonge...


Vraiment ? Y a encore des gens qui croient à ce genre de récit ?


Je me souviendrai toujours de ce film avec Rebecca De Mornay qui joue une femme épiée et suivie par un fou ; à la fin, on apprend que c'était elle qui jouait 'l'autre', qu'elle était schizo et qu'elle était donc son propre bourreau. Le genre de fin qui fait bien sourire parce que forcément c'est d'une facilité narrative déconcertante. C'est un peu le cas ici. Enfin, j'ai plus soupiré que ri pour tout avouer tant la partie explicative est longue, terriblement loooonnnngue !


C'est dommage parce que cet album comporte la partie la plus intéressante de toute la série : ce thriller réunissant trois personnages dont deux fous. Evidemment, ça manque d'approfondissement, de conflits, de rythme. Mais ça reste une situation très intéressante, avec les scènes les plus fortes. C'est là aussi que les personnages semblent jouir de la caractérisation la plus affinée par rapport aux autres tomes. Mais bon, ça donne l'impression de n'avoir aucun lien avec le reste, puisque, bien sûr, cette narration est toujours aussi décousue.


Graphiquement, il y a toujours du bon. Larcenet essaie de s'en sortir dans ce registre un peu plus réaliste. Il y a de nombreuses imperfections. Il revisite ses cadrages habituels des deux premiers tomes avec ce nouveau design, ça fonctionne, mais j'avoue que j'étais plus enthousiaste de son trait rond plutôt que de son nouveau maniérisme.


Larcenet semble utiliser plus que jamais des documents et une table lumineuse, ce qui change aussi grandement le rendu graphique. Je trouve ça vraiment perturbant, parce que Larcenet, même s'il expérimente et que ça fait plaisir de voir quelqu'un expérimenter, fait un peu tout et n'importe quoi sur quatre albums. Ses effets de montage aussi exaspèrent, notamment le jeu de vignettes qui se suivent à la fin, c'est trop long et inutiles. Il y a aussi des effets hyper lourds, je pense à cette image des deux agresseurs qui revient tout le temps : c'est arrivé à un point où j'ai trouvé Larcenet pénible de toujours vouloir défoncer la même porte ouverte.


Bref, "Blast" est un récit proche du grand n'importe quoi. Il y a quelques idées sympathiques que l'on retrouve dans ce tome tout comme dans les précédents tomes, mais c'est une fois de plus pauvrement exploité et mal rythmé. Quant aux expérimentations, si cela laisse place à de très belles cases et de très belles pages, il y a aussi cette impression de 'too much', d'inconstance dans la qualité, d'un grand n'importe quoi aussi en fait. En fait, Larcenet s'est donné bien trop de liberté et manque de rigueur dans la mise au point de son concept. Même la lisibilité de son action qui lui est si chère en prend parfois un coup (pas trop souvent, heureusement). Je me suis donc bien emmerdé au final.


CONCLUSION générale (au risque de me répéter) :


"Blast" part dans tous les sens, sans aucune cohérence. La fin n'est qu'une tentative désespérée de raccrocher les wagons en faisant beaucoup de bruit. Le dessin est expérimental, ce qui fait plaisir, mais à force de partir dans tous les sens, de vouloir sans cesse évoluer, il manque une cohérence visuelle qui n'aurait pas été du luxe. Pour l'oeuvre en général, je mets donc 4/10. Je suis tenté de mettre moins, mais ce serait nier les beaux effets qu'il a réussi à obtenir ainsi que les quelques bonnes idées narratives.

Fatpooper
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le 4 déc. 2015

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