Critique numéro par numéro.
Power Man and Iron Fist #1 [Février]
Une nouvelle série Marvel que j'attendais beaucoup, je dois bien le dire. Et ce premier numéro ne m'a pas déçu. Sa principale qualité, c'est que David Walker écrit extrêmement bien les deux héros. Ils sont immédiatement attachants et crédibles. Et même sans trop connaître les personnages et en n'ayant pas lu leurs aventures des années 70 et 80, on a quand même l'impression de retrouver de vieux potes. On ressent leur camaraderie et les deux se complètent bien. D'un côté on a Iron Fist un peu concon et fanfaron et de l'autre Luke Cage qui voudrait être tranquille avec sa petite famille.
Ce qui est bien également, c'est que la série est très terre-à-terre et les deux héros ont un petit côté justiciers de seconde zone qui est très agréable. On sent qu'ils ne sont pas à 100% dans le super-héroïsme ces jours-ci, qu'ils ont un peu raccrochés, qu'ils sont un peu rouillés, et du coup c'est très amusant de les voir revenir dans le métier.
La petite aventure de ce premier numéro est assez classique, mais les retournements de situation fonctionnent, mais le gros atout du numéro, c'est l'ambiance, notamment avec ce petit côté cartoon/délirant qui fait qu'on savoure ça comme une bonne aventure à l'ancienne. Le Tombstone de Walker et Greene est, en outre, absolument délicieux avec son côté caricature de mafieux.
Power Man & Iron Fist n'est pas la plus épique des séries, pas la mieux dessinée non plus - parce que malgré un style global très agréable et quelques cases très réussies, Greene est assez inégal – mais c'est vraiment une bonne lecture où l'on ressent à chaque page l'amour des deux auteurs pour les deux héros et leur univers. Ça sent la bonne petite série street-level assez légère comme on les aime, et ça tombe bien vu qu'aucune série Spider-Man n'a l'air de vouloir prendre le créneau efficacement. [8]
Power Man and Iron Fist #2 [Mars]
Ce second numéro confirme la bonne surprise qu'est cette série. Et si ça continue comme ça, Power Man & Iron Fist risque bien de devenir une de mes lectures favorites chez Marvel.
C'est complètement génial. Y a une ambiance à la cool, urbaine, un peu délirante qui est vraiment charmante et les deux héros sont supers attachants. En plus y a régulièrement de bonnes vannes, et c'est surtout une vraie lettre d'amour envers le Marvel Universe, en particulier celui des 70's. Le titre est remplit à ras-bord de personnages de l'éditeur, on a des petites frappes en tout genre dont des biens obscures et absurdes type Ruby Thursday ou Gorilla-Man, et même deux guest-stars plus conventionnelles, Spider-Woman et Spider-Gwen qui viennent faire un petit coucou le temps d'une ou deux pages. Pour les fans d'univers partagé et surtout des personnages oubliés et de seconde zone de l'éditeur, le numéro est un vrai régal, et c'est sans doute pour ça que je l'ai autant aimé.
En plus, Walker donne vraiment de la vie au monde criminel de New-York. On voit les conséquences du premier numéro et comment la nouvelle se répand comme une traînée de poudre chez tous les gredins. C'est super sympa, surtout que c'est toujours traité de manière un peu décalée, avec humour, ce qui donne un petit côté Superior Foes of Spider-Man à la série, ce qui est loin d'être une mauvaise chose.
Le point faible du numéro vient surtout des passages où il s'agit de faire réellement avancé l'intrigue, où Walker se montre moins inventif et nous sort des choses un peu bateau. Mais bon, ce n'est que trois-quatre pages dans le numéro, donc on pardonne aisément.
Aux dessins, Greene continue de faire du très bon boulot. Son trait nerveux et cartoony, aux influences hip-hop évidentes, donne une superbe atmosphère au titre, et rajoute encore de la drôlerie, comme quand on voit son Luke Cage hyper baraqué en train de conduire tout serré dans une Smart.
Bref, excellent titre et j'ai vraiment hâte de voir ce que les auteurs ont prévu pour la suite. [8]
Power Man & Iron Fist #3 [Avril]
Je suis un peu moins fan de ce 3e numéro que des deux premiers. La série est toujours sympa à suivre, mais je trouve que l'intrigue avance un peu lentement. Les personnages passent beaucoup de temps à se répéter, notamment Danny qui ne cesse de nous rabâcher depuis le numéro 1 que Jenny est innocente et que la Powersoul Stone n'existe pas, ce qui commence à être un brin lassant. Pareil, les hommes de mains nullos de Tombstone, on avait déjà vu ça dans le numéro précédent, donc là c'est également redondant. Et les 4 scènes différentes pour expliquer l'effet de la Powersoul Stone sur Jennie n'aident pas à échapper à ce sentiment d'inertie qui englobe le numéro.
Ceci étant dit, on a quand même des bons moments dans ce 3e épisode de Power Man et Iron Fist. Déjà, les héros sont toujours aussi attachants, notamment Luke Cage qui est vraiment bien écrit. En outre, on a le droit a une excellente scène d'intro en début de numéro avec Jessica Jones qui jure toujours comme un charretier. L'improbable Senor Magico, sorte de contrefaçon latino de bas étage du Doctor Strange est aussi très amusant, et la fin du numéro est également réussie avec l'intrigue qui se débloque enfin et quelques bons gags. Du coup, la lecture de l'épisode reste globalement agréable, malgré les faiblesses relevées plus haut.
La série conserve son charme si particulier, sa tonalité urbaine et funky, et j'ai bien envie de connaître la suite des aventures des deux héros. De son côté, Sanford Greene continue de faire un boulot tout à fait correct, assez inégal mais énergique et sympathique. Reste à savoir si Walker saura muscler son jeu pour la suite et si ce n'était qu'un petit passage à vide, ou si les quelques lourdeurs d'écriture s'accentueront sur la longueur. Ce que je n'espère pas parce que j'aime beaucoup sa façon d'utiliser l'univers Marvel. [7]
Power Man & Iron Fist #4 [Mai]
Conclusion un peu en dessous du reste. A la première lecture, j'ai vraiment été déçu par ce final, qui combine une absence des seconds rôles qui font tout le sel de la série avec une résolution plutôt anti-climatique. A la relecture, en relisant tout l'arc d'un coup, ça passe quand même mieux, même si je pense que ce n'est pas extraordinaire non plus. En fait, la résolution de l'intrigue est ratée, arrivant comme un cheveu dans la soupe, de manière pas hyper convaincante, en plus d'être assez clichée. Dommage.
Power Man & Iron Fist reste tout de même un bon titre pour ceux qui recherchent une série fun, au ton urbain et léger. C'est vraiment une bonne lecture détente, avec une bromance entre les deux héros qui marche du feu de dieu. Les dessins de Sanford Greene ne sont pas non plus les meilleurs du monde, mais il s'en dégage un dynamisme et une sympathie qui convient tout à fait au titre. [7]
Power Man & Iron Fist #5 [Juin]
Flaviano prend bien le relais de Greene aux dessins. Avec un style cartoony assez proche et vraiment très efficace. Pareil pour Rauch aux couleurs qui fait quelque chose vraiment dans le prolongement de Loughridge. Du coup, on a un changement d'équipe artistique qui ne se sent pas trop et c'est vraiment agréable. En plus, c'est pas un changement en plein milieu d'arc mais pour un petit numéro one-shot avant la prochaine grosse intrigue (forcément liée à Civil War II...), donc ça convient parfaitement.
Comme le dit Walker dans le courrier des lecteurs en fin de numéro, cet épisode est un hommage à Rashômon, avec une même situation qui va être racontée à travers les yeux de divers intervenants jusqu'à ce qu'on dénoue le nœud de l'intrigue. L'exercice de style est sympa et original et colle tout à fait à l'esprit fun et délirant de la série. Surtout qu'on a le droit à pas mal de petites vannes sympas et au retour d'un vilain de seconde zone pas vu depuis longtemps, ce qui est toujours un plaisir. Le numéro est totalement dans l'ambiance qui m'a fait aimé la série et c'est un régal à lire (même si la fin a presque une ambiance niaise de BD publicitaire), en plus d'acter une bonne fois pour toute le retour du duo Power Man & Iron Fist.
Vivement la suite, en espérant que Walker reste inspiré et ne retombe pas dans ses travers. [8]
Power Man & Iron Fist #6 [Juillet]
Flaviano est toujours là aux dessins et continue de faire du bon boulot, avec son style cartoony hyper efficace.
Au scénario, Walker s'en sort également très bien et a pas mal de très bonnes idées. On s'étonnera un peu de la relation amoureuse entre Iron Fist et She-Hulk sorti de nulle part, mais à part ça, le positionnement des deux héros au sein du conflit fait sens, et tout cette intrigue avec d'anciens vilains repentis et leurs proches pourchassés par une brigade de vigilantes en faveur d'une justice préventive est plutôt bien vue, surtout quand la police s'en mêle.
Franchement très bonne lecture. [8]