Préludes & Nocturnes - Sandman, tome 1 par Schrödinger
Des personnages mythiques. Une histoire complexe (en relisant la première fois, j'avais l'impression de n'avoir rien compris). Un univers haut en couleurs. Un thème directeur attachant: le pouvoir des histoires et du rêve. Le comic fourmille d'ailleurs d'"histoires comme ça", comme dirait Kipling, des petits contes, impliquant les personnages principaux; sans rapport avec la trame principale, ce sont pourtant elles qui m'ont donné le plus de plaisir.
Autant dire que, quand on associe le mot "comics" à des histoires de surhommes en collants fluos (ou noirs, à motifs de chauve_souris, bien sûr), on en reste bouche bée.
Sandman est tout ça à la fois, servi par un dessin inégal dans la forme (ah, les colorisations à la truelle des années 80...), mais généralement intéressant dans son concept. On pourrait juste lui reprocher, finalement, de n'être "que" ça. C'est peut-être injuste, mais l'auteur est talentueux, et, comme disait l'autre, "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités."
En effet, Neil Gaiman parle de rêves et de contes. Mais, peut-être convaincu de la toute-puissance de la narration (j'en rajoute, mais quand il écrit le mot "histoire", on voit presque la majuscule), il ne va pas plus loin. Il ne tire pas de conclusion mythiques ou philosophiques de ce qu'il écrit, ou peu.
"On s'en fiche, l'histoire est super, ça nous suffit" me direz-vous, peut-être à raison. Mais d'autres auteurs le font; je pense à Pratchett ou Alan Moore par exemple, qui, dans les contes les plus échevelés, ne perdent jamais de vue le monde réel, atteignant ainsi une profondeur particulière. Le point culminant de Sandman est épique, on aurait pu s'attendre à des répercussions immenses sur le monde matériel; pis, ben, non, en fait. Dommage.