L’Egypte antique. Ses pharaons, ses divinités omnipotentes, ses temples, ses dédales ténébreux. Le thème, à lui tout seul, est suffisamment porteur pour attirer un large public. En tout cas moi, j’ai plongé.

Ce premier tome nous plonge sur les traces de Titi Nefer et Kiki Nefer, deux princesses à qui les astrologues ont promis un destin extraordinaire. Immanquablement , les deux jeunes femmes vont cristalliser la jalousie et les complots vont se mettre en branle dans une Egypte pharaonique qui est friande de ces révolutions de palais. En arrière-plan la figure d’Aménophis IV, d’Akhenaton, maudit et oublié, ressurgi du passé. Cette Egypte de Ramses III est encore prospère ; elle n’en commence pas moins son lent déclin.

Autour des deux princesses gravitent une foule de personnages hauts en couleurs ; la courtisane machiavélique, le chef des gardes fusible idéal, le voleur, le prêtre fou … une foule enthousiasmante, profonde et riche. Sur le fond, le scénario semble avoir du mal à se mettre en place ; mais pour peu que l’on fasse l’effort, on pénètre bientôt dans une histoire extraordinaire. Rarement, d’ailleurs, ce qualificatif a autant fonctionné en BD au fil de mes lectures. Ce premier tome nous plonge dans une Egypte magique, lointaine et si proche à la fois. Les rites occultes, les lieux magnifiés, la relecture du tome permet de prendre la mesure du travail accomplit. Relecture indispensable pour compenser les choix narratifs pas nécessairement simples.

Techniquement, le noir et blanc d’Igor Baranko est sublime. L’encrage incroyablement dense, sublime un trait exagéré, parfois caricatural, mais tellement immersif. Les personnages ont une logique graphique, qui n’est pas celle des décors et arrière-plans. On est à des années lumières des choix d’Eric Shanower et de son Âge de bronze, mais ça fonctionne. Cette approche artistique si singulière peut repousser ; et bien ce serait dommage. La BD est devenue tellement formalisée en terme graphique, le côté industriel de cet art imposant son lot de réussites quasi imposées, que je me suis délecté de tomber sur cet œuvre si singulière.

Assurément les Humanoïdes associés ont vu juste dans leur soutien à cette histoire. Rendez-vous pour le tome 2 qui pousse le délice jusqu’à atteindre l’excellence de son art.
Aqualudo
9
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le 9 févr. 2014

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