PERCUTANT !!!....
Notez svp que ce post concerne les trois numéros de la série déjà sortis...Donc je parlerai ici des trois premiers numéros, et ne ferai pas un post par numéro...ça serait pas utile et ça me donnerait...
le 2 avr. 2017
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Décidément, les comics américains inspirent les auteurs français. Après Infinity 8 (éd. Rue de Sèvres), le space opera de Lewis Trondheim lancé à l'automne dernier, c'est au tour de Run de proposer une série commercialisée sous la forme de fascicules souples de 32 pages et publiés à un rythme mensuel. Prévu en six tomes à tirage limité, Puta Madre est une vraie réussite qui prouve que le Label 619 n'a pas fini de bousculer l'édition de bandes dessinées en France.
Ça parle de quoi ?
Dans un mobil-home planté au milieu du désert californien, à seulement quelques kilomètres de la frontière mexicaine, Jesus, un jeune Latino de 12 ans, partage son existence entre Spooky, un ami imaginaire, une mère un peu à cran et Pico, un demi-frère beaucoup trop braillard. Jusqu’au jour où ce dernier est retrouvé mort. Accusé, à tort, de l’avoir tué par jalousie, Jesus se retrouve en taule, condamné à passer ses sept prochaines années au milieu des gangs les plus sanguinaires des Etats-Unis.
Pourquoi j'adore ?
Après Mutafukaz, Guillaume Renard, plus connu sous le pseudonyme de Run, enfonce le clou et prouve, une fois pour toutes, qu’il est l'un des scénaristes français les plus pertinents lorsqu'il s’agit de nous plonger du côté obscur de la société américaine. Inspiré d’une histoire vraie, découverte en visionnant un documentaire, Puta Madre (“Putain de sa mère” en VF) est, dans ses deux premiers fascicules, une violente charge à l’encontre de l’univers carcéral aux Etats-Unis.
Si la série trouve ses racines dans un fait divers, Run n’oublie pas cette filiation. Comme il le faisait en collectif avec sa série Doggybags qui vient de s’achever, Run ponctue son récit fictionnel de texte explicatif, histoire de donner à son lecteur les éléments contextuels nécessaires. Après avoir planté son décor dans les vingt premières pages, Run livre ainsi quelques informations sur le système judiciaire américain qui permet à un mineur d'être condamné à la prison à vie, exactement comme un adulte. Ils seraient ainsi 2 600 enfants à purger une peine d’emprisonnement à perpétuité réelle dans les geôles du pays.
De pré-adolescent solitaire, Jesus, contraint de plaider coupable pour un meurtre qu’il n’a pas commis, se retrouve soudain à grandir au milieu d’assassins. L’occasion rêvée pour nous expliquer qui sont et comment fonctionnent les gangs en milieu carcéral, de la mafia mexicaine à la fraternité aryenne. S'appuyant sur un décor qu'on imagine parfaitement documenté, Run nous raconte l’histoire d'un jeune garçon, agneau devenu loup après avoir passé sa jeunesse entre quatre murs. Un destin qui interroge le lecteur sur le racisme, la prédestination sociale de l’individu ou sa propension à céder à des pulsions de violence. Bref, Puta Madre est la grosse claque de ce début d'année.
Sorte d'anti-héros parfait doué d’une force de caractère qui inspire le respect, Jesus mérite désormais d’avoir sa série sur HBO. D’ailleurs, le troisième volume de Puta Madre, qui nous emmène dans l’univers des clubs de motards, résonne particulièrement pour qui a regardé Sons of Anarchy. Hasard ou coïncidence, le comic adapté de la série éponyme est édité par le Label 619 que dirige… Run, depuis 2006, au sein des éditions Ankama. Un label qui fait figure d’ovni créatif dans le milieu de l’édition française.
Et pas d’inquiétude. Si Puta Madre est présenté comme un spin-off de l’autre série phare de Run, Mutafukaz (dont une édition intégrale paraîtra cette année), il n’est absolument pas nécessaire d’avoir lu cette dernière pour entrer dans ce récit. D'ailleurs, alors qu'il assurait le dessin dans Mutafukaz, Run passe ici le relais à Neyef. Ce dessinateur, qui s’est fait connaître dans quelques numéros de Doggybags, montre ici sa maîtrise graphique avec une galerie de gueules impressionnantes et des scènes de violence dont le style rappelle plus celui de Guillaume Singelin dans The Grocery (également édité sous le Label 619) que celui de Run, plus cartoonesque, dans Mutafukaz. Avec ses cadrages dynamiques et son trait bien détaillé, Neyef livre des planches graphiquement ultra-rythmées qui servent à merveille le scénario de son compère.
C’est pour vous si…
Oz est dans votre panthéon personnel des meilleures séries télé. Diffusé en France sur Série Club au début des années 2000, Oz reste à ce jour la référence en matière de récit sur la violence pénitentiaire aux Etats-Unis. Du côté des BD, Puta Madre montre une filiation évidente avec The Grocery, la série en quatre tomes d’Aurélien Ducoudray et Guillaume Singelin, librement adaptée de la série The Wire. Plus globalement, ceux qui suivent l’actualité du Label 619 devraient se délecter de cette nouvelle pépite dont le dernier volume paraîtra en juin.
Critique publiée sur Pop Up'.
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Créée
le 1 avr. 2017
Critique lue 558 fois
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D'autres avis sur Puta Madre, tome 1
Notez svp que ce post concerne les trois numéros de la série déjà sortis...Donc je parlerai ici des trois premiers numéros, et ne ferai pas un post par numéro...ça serait pas utile et ça me donnerait...
le 2 avr. 2017
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