Matthieu Blanchin a des maux de tête depuis quelques temps. Des mois ? Des années ? Jusqu’au jour de l’anniversaire de sa fille, où il s’écroule et sombre dans le coma. « Quand vous pensiez que j’étais mort » raconte cette expérience (si on peut appeler ça ainsi), mais également toute la phase suivante et la difficulté à s’en relever. Cet imposant pavé de 176 pages est publié chez Futuropolis.
Difficile bouquin que celui-là. On imagine combien il a été difficile à l’auteur d’accoucher d’une telle œuvre, mais la difficulté est aussi de mise pour le lecteur. Autant le dire tout de suite, « Quand vous pensiez que j’étais mort » est un livre éprouvant, complexe, riche et éprouvant. Le sujet y est pour beaucoup, mais certains lecteurs auront bien du mal à passer le récit du coma que nous fait Matthieu Blanchin. C’est proprement terrifiant. Et si on imagine le coma comme un endormissement, on voit là plutôt une sorte de cauchemar qui ne s’arrête jamais, avec une puissance sensorielle explosive.
Si vous vous sentez d’attaque, vous pourrez profiter d’un livre passionnant et terriblement prenant. Matthieu Blanchin raconte son histoire de son point de vue : son coma, son expérience et ses tentatives de rémission. Ensuite, le livre part vers d’autres chemins. Il s’intéresse à ses proches, sa fille et sa femme, et comment ils ont vécu cet événement. Le récit par sa femme se révèle incroyable, les parallèles avec ce qu’a vécu l’auteur nous apparaissant comme limpides. La fin se focalise sur les médecines douces et/ou parallèles. C’est autant une critique des techniques de médecines modernes qu’une promotion d’autres voies.
On a bien du mal à décrocher du livre. Matthieu Blanchin ne s’épargne rien et se livre. Sa psychothérapie fait ressortir beaucoup de faits intimes, où l’auteur cherche à démêler les raisons de son attaque. On peut pense ce que l’on veut du fait qu’un trouble psychologique puisse entraîner des problèmes sur le cerveau (jusqu’à l’hémorragie et le coma), mais l’auteur ne cherche pas forcément à nous convaincre. Il raconte avant tout son long cheminement vers la guérison et tous les moyens qu’il a utilisés pour cela.
La narration de Matthieu Blanchin est riche, tant dans les textes que graphiquement. Il y a beaucoup à lire, mais les récitatifs sont passionnants et extrêmement puissants. Ils sont servis par un dessin dynamique en noir et blanc, avec lavis, qui sert parfaitement le propos. Sachant se délier dans les moments oniriques, il est un point fort de l’album. Difficile à dire si ce graphisme me séduirait dans un autre ouvrage, mais ici, il fait mouche.
J’ai été secoué par cet ouvrage. Sans adhérer forcément à tout ce qu’il y est raconté, la puissance du récit et la force des textes suscitent l’admiration. Difficile de lâcher cette lecture où le suspense s’installe. Et même si la production du livre prouve que l’auteur a au moins guéri suffisamment pour reprendre son travail, on se met à douter qu’il puisse un jour retrouver une vie normale. Un ouvrage dérangeant, qui m’a éprouvé comme rarement un livre ne l’avait fait.