A travers le thème classique qui pourrait s'énoncer comme : " si c'était à refaire?" , c'est plus qu'un voyage dans le temps que Taniguchi nous propose, c'est un retour aux émotions. Ces premiers moments de la vie où finalement tout se décide. Une ode à l'adolescence qui nous a glissée entre les doigts, ces instants aussi intenses qu'éphémères, moments fragiles où tout nous semblait encore possible. Jamais je n'avais vu ou lu ce retour au passé traité de façon si sensible et juste, pas même chez Proust et sa fameuse madeleine...
Proche du " journal de mon père" notamment sur la difficulté à se trouver à travers l'absence du père mais aussi la difficulté de devenir père à son tour, le récit de Quartier lointain choisi une autre forme narrative.
L'histoire D'Hiroshi, quadragénaire marié et père de famille , casé comme on dit, voire même blasé, retourne après plusieurs décennies dans le quartier de son enfance. Se recueillant sur la tombe de sa mère il fait un malaise. Il se réveille dans la peau de l'adolescent qu'il était, celui d'une vie révolue....
Autant vous le dire tout de suite, je ne vais pas vous parler de l'histoire ni même de ses pépites d'émotions qu'elle va vous offrir. Tous les sujets propres à l'adolescence y sont abordés, première cloppe, première cuite, premier émois amoureux mais encore les doutes et la remise en question de l'unité familiale. Traité de façon harmonieuse et brillante, le manga nous fait vibrer à chaque page. Oui car si Hiroshi redécouvre ses émotions d'autrefois (enterrées après un évènement douloureux), c'est aussi beaucoup de notre passé et de nos émotions oubliées que l'on redécouvre avec lui.