L’envie de se téléreporter dans le temps afin de fuir le présent nous est tous déjà venue en tête. Mais si, ce que vous considériez comme impossible, devenait réel en ne lisant seulement les lignes de Quartier Lointain ?
Quartier lointain fait usage de titre à la série de bandes dessinées japonaises qui comprend deux tomes. Réalisée par l’auteur, Jirō Taniguchi, le maître du manga décroche un carton plein par l’obtention de plusieurs prix après la sortie de son ouvrage en septembre 1998.
N’étant de loin enchantée par l’univers des mangas, j’ai tout de même apprécié parcourir ce semi-roman en tout genre. Par la fluidité de l’écriture à l’intrigue plutôt simpliste du départ, je n’ai lu mais vécu de façon irrationnelle avec Hiroshi, la tête de l’histoire. C’est à la gare de Shinkansen que nous entrons dans le quotidien de ce quarantenaire, qui, filant son quotidien de travailleur, se retrouve étouffé par les moeurs de la vie et se prend par la nostalgie de sa tendre enfance. Jusque là, la bande dessinée est digne d’un scénario des plus fades. Or, ce dernier se trompe de train et est conduit tout droit vers son quartier natal. Chamboulé par une telle étourderie, Hiroshi profite de cette occasion pour visiter la tombe de sa mère, décédée quelques années après la disparition de son père, à son adolescence. Une fois qu’il y parvient, celui-ci s’affale sur sa tombe, submergé par un wagon de tristesse. Nous retrouvons Hiroshi, quelques pages plus tard certes, mais une trentaine d’années en moins. Effectivement, la magie de l’écriture l’a rendu ainsi pour qu’il revive sa quatorzième année avec la réflexion d’un adulte et le corps d’un enfant. Tout au long des deux tomes de cette série, nous plongeons dans le passé d’Hiroshi qui est par ailleurs resté intacte au contraire de lui.
L’auteur a réussi à mettre son héros dans un point de vue extérieur, comme si c’était lui qui lisait le livre et qui avait en même temps le pouvoir de détourner certains événements de sa jeunesse notamment pour la subite disparition de son père.
En toute honnêteté, ces livres m’ont comblé au niveau de l’histoire que Monsieur Jirō a réussi de sortir de l’ordinaire. Le point positif est que son retour en enfance n’était pas seulement centré sur le pourquoi du comment de l’abandon de son père, mais de sa vie d’adolescent dans laquelle il a découvert petit à petit, le monde d’adulte.
En ce qui concerne la forme de l’oeuvre, j’ai trouvé que la manière dont les dessins ont été illustrées paraissaient triste par l’unique transition entre le noir et le blanc…
Je recommande ce livre en parti pour les adolescents qui sont dans une période plus ou moins similaire à celle d’Hiroshi, mais aussi pour les adultes qui souhaiteraient se remémorer leur jeunesse.
Miss2v