Entre nostalgie et magie des souvenirs, "Quartier Lointain" est avant tout une invitation à la rêverie d'une immense sensibilité, qui finit même par nous bouleverser profondément : nous qui, passée (et bien passée) la quarantaine, avons l'âge du héros, n'avons-nous pas "déraillé" de notre identité réelle, pour reproduire encore les dysfonctionnement familiaux de notre enfance ? Mais cette tristesse sans fond à constater que l'on ne peut rien changer d'important, même avec la possibilité de reconstruire notre enfance avec notre conscience d'adulte, est atténuée par le miracle de tous ces moments de vie intense, resurgis de notre mémoire, grâce à l'art du manga, si précis et si perfectionniste, réellement transcendé par Taniguchi. [Critique écrite en 2004]