Samuel Verdi, un homme de trente-cinq ans à la vie déprimante (et déprimé par sa vie), entre en contact, par téléphone, avec l’enfant de dix ans qu’il était : l’argument de départ est plutôt alléchant. Du reste, récit rythmé, variété dans la mise en page, personnages caractérisables au premier coup d’œil, chat que le lecteur interprétera comme il l’entend : si l’album me paraît tout de même un peu pauvre graphiquement par rapport à ce qu’un tel récit pourrait susciter, il a le mérite d’être efficace.
Ses démérites ? Outre sa légèreté graphique, il baigne dans un bain feel good qui ferait passer Disneyland pour un quartier de Beyrouth : on ne vit qu’une fois, ne renoncez jamais à vos rêves, il faut écouter la voix de l’enfant qui est en nous, ce n’est jamais trop tard, etc. – il y a naturellement un passage où l’enfant donne littéralement des leçons à l’adulte. Non seulement cette « morale » est finalement assez désespérante, mais elle limite singulièrement l’ambition de Quelqu’un à qui parler.
Tu verses ta larmichette et tu reviens à la vie réelle, un peu comme devant les films avec Hugh Grant.