Blacksad, tome 1 : Quelque part entre les ombres, c’est un polar à l’ancienne, trempé dans l’encre noire des années 50, mais où tout le monde est un animal anthropomorphe. Ne vous laissez pas duper par les oreilles pointues ou les museaux allongés : derrière chaque case se cache une noirceur humaine parfaitement distillée. Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido signent ici une œuvre qui réinvente le genre en le rendant… plus poilu.


Blacksad, notre héros, est un détective privé au passé trouble et au poil lustré (il est un chat, au cas où ça n’était pas clair). Cynique, solitaire, il enquête sur le meurtre de son ancienne flamme, Natalia, actrice glamour au destin tragique. Le récit est une plongée dans les bas-fonds d’une ville rongée par la corruption, le racisme et la violence. Chaque page suinte l’ambiance du film noir, et on s’attend presque à entendre une voix off rauque ponctuée par le son d’un saxophone.


Visuellement, Blacksad est un bijou. Guarnido, ancien animateur chez Disney, utilise tout son talent pour donner vie à cet univers animalier. Chaque personnage est un chef-d’œuvre de design : les ours sont imposants, les fouines sont sournoises, et les chats, bien sûr, débordent de charme et de mystère. Les décors urbains sont d’une richesse à couper le souffle, chaque ruelle, chaque bar, chaque bureau regorgeant de détails qui rendent ce monde incroyablement vivant.


Le scénario, quant à lui, est classique, mais diablement efficace. Canales maîtrise l’art de tisser une intrigue qui tient en haleine tout en explorant des thèmes profonds : la justice, la vengeance, et cette solitude que tous les détectives noirs traînent comme une vieille gabardine. Blacksad est un personnage complexe, un héros fatigué qui continue à avancer, même si tout semble perdu.


Mais ce qui distingue vraiment Blacksad, c’est la manière dont il parvient à mêler le réalisme et l’allégorie. Les animaux ne sont pas là pour faire joli : leur nature reflète leur caractère, leurs défauts, leurs secrets. C’est un monde où l’instinct animal et les travers humains s’entrelacent, créant une tension permanente entre beauté et cruauté.


En résumé : Quelque part entre les ombres est un polar visuellement éblouissant et narrativement captivant, où chaque coup de griffe dévoile un peu plus des tréfonds de l’âme. C’est sombre, c’est beau, et ça vous laisse ronronnant de satisfaction, même si une petite part de vous se sent grattée par la mélancolie. Un classique du genre qui se dévore comme une souris égarée.

CinephageAiguise
8

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le 6 déc. 2024

Critique lue 2 fois

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