Rassemblement - Avengers Assemble, tome 1 par arnonaud

Je ne sais pas trop pourquoi, mais j'ai été soudain pris de curiosité pour la série Avengers Assemble de Bendis et Bagley, que j'avais toujours soigneusement évité jusque là. Le concept de cette histoire est assez particulier, puisque c'est un récit totalement en continuité dans l'univers habituel des comics Marvel (l'univers 616), mais où les Avengers ont le roster du premier film (Iron Man, Thor, Captain America, Hulk, Black Widow, Hawkeye), et affrontent Thanos tout en faisant un team-up avec les Gardiens de la Galaxie.


Ce récit est bien entendu sorti en 2012 pour surfer sur l'arrivée du film au ciné, et ça a été, je crois, assez décrié à l'époque. D'une part pour le rapprochement un peu trop forcé avec l'univers ciné, et aussi parce qu'à l'époque Thanos et les Gardiens venaient de mourir dans Thanos Imperative assez peu de temps auparavant et Bendis ramenait tout le monde sans explication (si je ne dis pas de bêtises. Je n'ai toujours pas lu Thanos Imperative donc ce n'est pas non plus un sujet que je maîtrise). En outre, le cosmique n'est pas forcément la partie de l'univers Marvel avec laquelle le scénariste est le plus à l'aise. Il est meilleur sur les récits urbains, de détective ou avec des héros adolescents. Et lui-même semble préférer les intrigues plus "espionnage" quand on voit le genre d'histoires qu'il raconte en général.


Mais c'est une histoire intéressante pour faire la transition entre l'ère Bendis des Avengers et celle de Hickman qui s'ouvre avec le roster issu du film et donc de cette série. Le nouveau building est inauguré ici, et Bendis essaye de trouver une raison pour que cette équipe resserrée se forme. C'est quand même un poil bancal, surtout quand cette équipe qui manque grandement de puissance de feu (à part Thor et Hulk et dans une certaine limite Iron Man) se retrouve à devoir faire face à des menaces cosmiques ultra puissantes. Et c'est pareil pour le roster des gardiens qui n'a malheureusement pas de personnages possédant des pouvoirs cosmiques.


Bendis essaye aussi de créer une toute nouvelle version de l'organisation de vilains Zodiac, qui n'a visiblement aucun rapport avec les anciens vilains qui portaient ce nom. Pourquoi pas, mais les nouveaux venus manquent clairement de charisme et on comprend aisément pourquoi on a jamais revu ces types (même si ça s'inscrit aussi dans une dynamique plus large où les vilains créés depuis les années 2000 ont beaucoup de mal à s'installer de manière durable). Ca permet en tout cas à Bendis de ne pas faire uniquement du cosmique mais d'avoir aussi une partie plus espionnage/organisation criminelle, ce qui est plus dans ses cordes.


Globalement c'est pas du grand comics, mais ça à l'avantage d'avoir l'écriture ultra fluide de Bendis, ce qui en fait une lecture super facile. L'ayant lu en anglais, c'est agréable de lire ce genre de série de temps en temps en alternance avec des comics plus verbeux et denses. C'est du petit blockbuster basique sauce Bendis et Bagley. Quand on connaît les forces et les faiblesses de ces auteurs, on n'est pas vraiment surpris.


L'objectif de Thanos dans cette histoire est pas hyper clair et je ne suis pas sur que ce soit hyper raccord avec le perso. Bendis arrive à trouver une justification plutôt correcte à pourquoi il faut qu'il passe par l'intermédiaire du Zodiac sur Terre, mais par contre, je ne crois pas qu'on ai de réponses sur où Thanos a obtenu les trucs qui donnent des pouvoirs du Zodiac aux membres du groupe. Ce qui est un peu dommage.


A noter aussi qu'à un moment les Elders of the Universe se ramènent. C'est plutôt sympa puisque ça rappelle les sagas de Starlin où les déités cosmiques avaient tendance à se réunir pour essayer d'arrêter Thanos. Mais on voit tout de suite que Bendis ne maîtrise pas le truc et que les éditeurs s'en fichaient aussi, puisqu'on a le In-Betweener qui est parmi eux alors que lui est vraiment un espèce d'entité/dieu cosmique type Living Tribunal et pas un Elder of the Universe qui sont juste de vieux aliens surpuissants.


Côté dessins, Bagley est fidèle à ce que l'on connaît de lui et c'est plutôt efficace. A part son Rocket Raccoon qui est particulièrement raté et qui est une vraie catastrophe. Mais sinon, le dessinateur est solide et se fait plaisir avec moult double pages et plein de scènes de baston explosives où il faut bien avouer qu'il maîtrise la chose. A l'encrage on retrouve Danny Miki, qui fait globalement du bon travail, en particulier sur les séquences dans l'espace avec Thanos qui sont sublimes, mais sur les scènes d'action je trouve que son trait est pas celui qui colle le mieux pour Bagley. Son encrage est trop fin avec des lignes qui s'interrompent trop, qui sont trop anguleuses, et ça n'aide pas forcément à la lisibilité surtout combiné avec la colorisation toujours un peu baveuse de Paul Mounts. Le coloriste fait un travail efficace, mais n'est honnêtement pas le coloriste idéal pour un récit de ce genre, où il aurait fallu un coloriste plus lumineux, avec un rendu plus impressionnant, un côté plus blockbuster, type Justin Ponsor (qui colorise la couverture) ou Laura Martin.


Pour un récit qui se veut un point d'entrée pour de nouveaux lecteurs, je ne le trouve pas idéal. Graphiquement, ça fonctionne mais c'est du comics classique, ce n'est pas époustouflant. Je trouve les Avengers de Hickman qui s'ouvre sur du Opena colorisé par Dean White beaucoup plus efficaces dans le genre. Ou du Jim Cheung colorisé par Justin Ponsor sur Young Avengers. Ce genre de dessinateurs qui mettent une claque.


Et pareil pour le scénario, ça marche, mais pour accrocher un nouveau lecteur il faut, à mon avis, un récit excellent, pas juste un truc passable. Là encore, les Avengers de Hickman sont sûrement plus efficaces (ou plutôt ses New Avengers) si on veut initier quelqu'un aux vengeurs modernes. On sent aussi que Bendis essaye de faire un truc clé en mains pour être adapté en film pour le face à face des Avengers avec Thanos, mais heureusement que Marvel Studios est partie dans une autre direction.


Cependant, cette histoire à l'avantage de faire une grosse saga complète en huit numéros, qui est une durée plutôt pas mal pour un comics moderne pour éviter le côté toujours trop court des sagas en 5-6 et ne pas avoir le ventre mou que peuvent parfois avoir les sagas en 12 ou plus. En outre, il y a quand même une montée en puissance intéressante tout du long qui est quand même agréable, c'est vraiment une transition plutôt en douceur du récit d'espionnage à super pouvoir jusqu'à une saga cosmique aux enjeux énormes. Cet aspect là est franchement bien géré et c'est probablement la principale qualité de l'ouvrage. Même si Hawkeye, Black Widow et Captain America ne servent plus à rien à la fin (déjà que je ne suis pas sur Hawkeye et Black Widow aient grand chose à faire dans ce récit tout court).


Pour les lecteurs de plus longue date, ce petit récit est surtout un récit de transition : Bendis qui prépare le terrain pour le run de Hickman sur les vengeurs, et qui fait un prélude pour son run des Gardiens de la Galaxie. Mais en soi, ce n'est pas du tout un récit indispensable, loin de là. C'est pas désagréable à lire mais y a aucun moment particulièrement marquant et délectable.


Bref, une curiosité.

Créée

le 2 oct. 2021

Critique lue 72 fois

2 j'aime

arnonaud

Écrit par

Critique lue 72 fois

2

Du même critique

Petit - Les Ogres-Dieux, tome 1
arnonaud
9

Critique de Petit - Les Ogres-Dieux, tome 1 par arnonaud

Cette BD est géniale. Le concept de base, déjà, m'a immédiatement accroché et fasciné. On a un royaume où la famille royale est géante, avec des humains comme serviteurs et surtout comme nourriture...

le 4 janv. 2016

20 j'aime

Une histoire d'hommes
arnonaud
7

Critique de Une histoire d'hommes par arnonaud

Une des sorties les plus médiatiques de la rentrée, et pour cause, c'est le nouvel album de Zep, et qui plus est, pour un public adulte. Pour l'occasion, Zep change de style et opte pour un style...

le 15 sept. 2013

18 j'aime

3