Et je poursuis ma découverte de la série Spawn avec ce 3e tome contenant Spawn #26-32, de McFarlane et Capullo, ainsi que la mini-série Blood Feud, par Alan Moore et Tony Daniel !
A noter que pour mieux apprécier ce tome, il est plus que conseillé d'avoir lu Spawn #9 et la mini-série Angela. Avoir lu la mini-série Violator et les épisodes #8 et #10 de Youngblood peut aussi aider. Spawn #9 a été réédité par Delcourt dans l'album Spawn 30e anniversaire, pour le reste il faut se tourner sur les éditions VF par Semic dans les revues Planète Comics (n°2 pour Angela, n°3 pour Violator).
Concernant Youngblood, la #8 est dans la revue Youngblood de Semic n°6 et le #10 n'a jamais été édité en VF à ma connaissance. Mais l'importance de ces épisodes est assez mineurs et ils ne sont pas d'une qualité folle.
Je dois avouer que bien que trouvant la série pas toujours incroyable et pleine de défauts (à la base, je ne suis pas un énorme fan des comics 90s et du style de McFarlane en particulier, et je ne suis pas non plus un énorme fan des histoires à base d'enfer et de paradis), j'avais quand même très hâte de m'attaquer à ces épisodes. C'est un vrai plaisir de voir comment se construit cet univers et ces intrigues petit à petit, et comment tout ça évolue et trouve son identité.
Ce 3e tome est étonnant parce que je crois que j'ai préféré les épisodes scénarisés par McFarlane à ceux scénarisés par Moore ! Ce que propose McFarlane est toujours plein de maladresses, mais ce n'est pas inintéressant. J'ai bien aimé le voir enfin approfondir le côté "paradis" de son univers, en rebondissant sur les idées posées par Gaiman et Morrison. On le voit ainsi créer une nouvelle version de l'Anti-Spawn, probablement plus à son goût, avec un côté moins "gros sabots" qui passe peut-être mieux auprès des lecteurs, mais qui à mon sens a un peu moins de saveur pour le moment. Mais ça reste toujours mieux que l'autre vilain créé par McFarlane dans ce tome, Curse, qui repose sur quelques idées sympathiques mais qui a un design de cyborg 90s assez merdique.
Par contre, en parlant de design, on découvre le nouveau costume de Spawn dans ce tome, celui en couverture, sans rouge sur le torse et avec le fameux "gros pied" qui a apparemment été pensé pour que les jouets Spawn tiennent plus facilement debout.
McFarlane rebondit aussi sur la mini-série Angela de Gaiman, notamment en profitant du fait que Spawn se retrouve, à la fin de cette histoire, ailleurs en Amérique que dans son New-York fétiche, et on voit l'auteur tenter deux épisodes done-in-one plus sociaux, l'un avec un flic qui bat ses enfants, l'autre face au Klux Klux Klan. C'est bien entendu bourré de maladresses et d'évidences, les comics de super-héros sur les problèmes du réel étant de toute façon toujours casse-gueule, mais ça reste une proposition intéressante. Par contre y a encore une des intrigues qui est réglé à coup de dossier magique rassemblé par Spawn, il faut arrêté avec ça maintenant, surtout que là je ne suis pas sur que ça soit vraiment la solution la plus pertinente.
Ah et l'un des meilleurs moments de ce tome, c'est possiblement la rencontre Wanda/Spawn qui a enfin lieue, qui est bien gérée et qui a le bon sens de ne pas aller trop loin pour l'instant.
Et côté dessins, le duo McFarlane/Capullo fonctionne plutôt pas mal. C'est pas du Capullo à son meilleur niveau, mais ça permet d'avoir des dessins de McFarlane mieux tenus et plus sympas, surtout sur les persos humains.
Concernant Blood Feud, je pense que c'est le travail de Moore que j'ai le moins apprécié à ce jour. C'est moins ambitieux que ce que fait habituellement le scénariste, ça tombe souvent un peu à plat et je pense que je suis passé à côté de certains trucs parce qu'il y a des éléments du scénario qui ne font pas grand sens pour moi.
Toutefois, Moore n'est pas du tout aidé sur cette mini par son équipe artistique. On a Tony Daniel aux dessins, probablement au début de sa carrière, qui imite McFarlane en moins bien et qui propose rien d'incroyable, mais surtout il est colorisé par Todd Broeker de manière assez merdique. Globalement les colos numériques 90s sont catastrophiques, mais le coloriste régulier de Spawn, Steve Oliff, s'en sort bien mieux que Broeker. Ce dernier n'aide jamais à la lisibilité des pages : c'est toujours ultra sombre, avec des effets de merde partout, c'est horrible. Et il pète un câble dès que l'action se passe sous l'eau en ajoutant des bubulles numériques qui jurent complètement avec le reste. J'ai rarement vu un effet autant à côté de la plaque, ça en devient à la fois drôle et insupportable.
Toutefois, tout n'est pas à jeter dans cette mini non plus, Moore propose quand même des choses plutôt réussies, notamment dans son approfondissement du costume symbiotique de Spawn, ou dans la façon qu'il a de bousculer le statut quo du perso pour le rendre plus paria que jamais. C'est aussi intéressant de voir Moore continuer ses expérimentations de cases vues à la première personne après Violator. Mais globalement, le scénariste n'est pas en grande forme et la mini n'est pas incroyable.
Au final ça reste un tome de Spawn plutôt sympa. Ca se lit bien et les pistes proposées par McFarlane et Moore sont intrigantes et je suis curieux de voir ce que donnera la suite de la série.