Renard Manouche - Jeangot, tome 1 par belzaran
Je ne suis pas fan des biopics. La mode actuelle de l’autobiographie, que ce soit dans le cinéma ou la bande-dessinée, m’ennuie profondément. Et voilà que l’on m’offre « Jeangot » de Joann Sfar (au scénario) et Clément Oubrerie (au dessin). Cette série narre l’histoire du guitariste Django Reinhardt. Etant moi-même guitariste, il est évident que du coup, cette biographie m’interpelle quelque peu. Le premier tome s’appelle « Renard manouche » et raconte bien sûr la jeunesse du guitariste.
Le choix de dessiner cette biographie avec un style animalier est une excellente idée. Pas de reconstitution d’après photos et tous les délires sont possibles. Ainsi, tout démarre par « le problème avec les manouches, c’est qu’ils bouffent les hérissons ». Voilà commence la biographie de Jeangot, écrite par Niglaud, le meilleur ami du guitariste (et hérisson pour son malheur !). Ainsi, l’aspect animalier est immédiatement exploité.
Ainsi, la narration se base sur un des personnages de la bande-dessinée. Il raconte l’histoire de Jeangot dans laquelle il est impliqué évidemment. Cela évite l’aspect documentaire. On retrouve quelques scènes avec notre ami hérisson qui tente en vain de vendre son manuscrit de la biographie de Jeangot. Cela donne un côté intimiste pas désagréable à l’ouvrage.
Ni connaissant rien à la musique manouche, je serai bien incapable de juger ou commenter les aspects biographiques de l’ouvrage (mis à part la perte des doigts de Jeangot). Mais la force du livre est de nous faire oublier que l’on est dans une biographie d’un grand guitariste. Le scénario est assez dense et bien écrit pour éviter que l’on prenne le tout comme tel. Alors évidemment, il y a un gros sticker sur la couverture pour nous le rappeler, mais cette bande-dessinée se suffit à elle-même. Sans être passionné de guitare manouche, je trouve l’histoire en elle-même captivante, les personnages très réussis et attachants et le monde décrit comme dur mais jamais manichéen. En termes de biographie, « Jeangot » est une vraie réussite. Comme quoi on peut écrire sur un personnage célèbre sans faire un documentaire.
L’autre aspect fort de cette bande-dessinée est le dessin de Clément Oubrerie. Pour moi qui suis fan de dessin animalier, c’est une vraie révélation. Le trait est relâché, vivant, dynamique. Les personnages sont très expressifs, ce qui participe parfaitement à l’humour (mais également les drames) de l’ouvrage. Les couleurs sont très belles également, renforçant le trait du dessinateur. Comme il dessine également la série « Pablo », j’aimerais bien qu’il ne fasse pas que de la biographie ! En tout cas, avec son style animalier, je le suivrai avec une grande attention.
« Jeangot » m’a surpris. Ma méfiance envers les biographies, mais également envers Joann Sfar n’était pas justifié. Captivante et drôle, ce premier tome est réussi sur tous les points. Et c’est avec impatience que j’attends la suite. Non pas pour connaître la vie de Django Reinhardt, mais pour savoir ce qu’il va advenir du renard et du hérisson. Et c’est là toute la force de ce livre.