Point d'orgue
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Aïe aïe aïe, Lewis Trondheim qui cède à l’affreuse mode de la "série dérivée"! Dans L’élève Ducobu, Léonie Gratin et l’instit Latouche ont eu droit à leurs propres séries d’albums. Idem avec Antoine Boulard dans Les Profs, ou Zorglub dans Spirou. Plus récemment, Idéfix, fidèle compagnon d’Obélix, a même fait l’objet d’une série animée, voyez donc! Je pourrais également citer l’affaire Gastoon, mais il s’agit d’un cas à part. Et voilà, Richard, le fameux trublion et ami de Lapinot, possède lui aussi sa série bien à lui.
Une série dérivée, ou spin-off (aussi utilisé en français), est une œuvre sérielle de fiction centrée sur un ou plusieurs personnages (généralement secondaires) d'une œuvre préexistante, ayant pour cadre le même univers de fiction plus ou moins propre. Wikipédia
Au lieu de nous apesantir plus longtemps sur une bête énumération, précisons que l’univers de Lapinot comprend de nombreux embranchements, qui ne sont pas forcément des spin-off à proprement parler. Il y a eu Galopinot, récit où Trondheim et Mattt Konture font se rencontrer leurs créations respectives, Lapinot et Galopu. Il y a eu aussi Cyberculture Mon Amour en 2001, introduisant de nouveaux personnages: Félix, Patrick et Alice, maix ceux-ci étant alors inédits dans l’univers de Lapinot, cet ouvrage-ci ne constitue pas vraiment un spin-off – même si Richard y apparaît en tant que personnage secondaire. L’étrange Top Ouf (2010) ressemblait déjà plus ou moins à un premier album-solo-de-Richard, même si pas explicitement décrit comme tel. Un album se rapprochant davantage du spin-off donc, mais il s'agissait d'un album isolé, n'ayant pas donné de suite directe. Il y a bien sûr la série Donjon, mais je la considère à part de par son envergure, et parce qu’il s’agit avant tout d’une œuvre collective.
Lewis Trondheim pose bel et bien avec les quatre premiers albums de Richard sortis au printemps 2021 sa première véritable série dérivée au sens strict du terme. Même si le caractère si particulier de ce personnage découle de ses nombreuses aventures aux côtés de Lapinot, cette nouvelle série peut tout aussi bien être considérée isolément – ce qui n’est pas le cas de Top Ouf, par exemple. L'auteur ne cède pas bêtement à la mode de la série dérivée. C’est l’occasion pour lui de creuser le personnage de Richard comme jamais auparavant.
Face à un ami lui montrant son projet de bande dessinée, le zélote Richard n’hésite pas à questionner la pertinence de chaque élément. Il ne se prive pas non plus de pousser son ami interloqué dans ses derniers retranchements, en questionnant ses réelles motivations à s’engager dans la BD, de manière très cash, sans langue de bois. J’ai particulièrement aimé l’implacable franchise des textes, Lewis Trondheim ne ménage ni ses personnages ni ses lecteurs. Mais, bien que le début du récit nous fait adopter le point de vue de Richard, les excès de ce dernier nous rappellent très justement que la frontière est mince entre analyse poussée et excès de zèle, entre franchise et accumulation de calembours de mauvais goût.
Du grand Trondheim.
Créée
le 2 nov. 2021
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