Rien que de la misère - The Goon, tome 1 par NicoBax
The Goon, comme dit la 4ème de couv' de ce premier tome, c'est un peu le demi-frère rigolo de "Hellboy". Evoluant dans un monde rempli de zombies (dirigés par le maléfique mais pas malin Prètre Zombie), The Goon a mis ses gros bras et sa tronche de débile léger au service du mafieux Labrazio et fait le ménage dans la ville entre nettoyage de mort-vivants et liquidation de dettes. Comme Sullyvan dans Monsters Inc. de Disney, la grosse brute ultra-efficace a un petit pote à grande (et sale) gueule, Franky, pour balancer quelques phrases choc et s'occuper de la logistique.
Donc sur le fond, c'est une banale histoire d'affrontement entre le Mal et le... très Mal. The Goon a une conscience mais il préfère défoncer des crânes de zombies et autres créatures malfaisantes qui lui auraient manqué de respect (ou juste pour le fun). Quelque part, il rend service parce qu'en général, les mecs sur qui ils tombent ont une tronche pas possible. Citons La Boule, un geek chétif avec un bras énorme qui tient en permanence une boule de bowling, Pete le Barbu un calamar géant manchot ou Evets (le mentor du Prêtre Zombie) une chèvre en caleçon à pois avec tétons piercés. Quant au reste de la population, qu'elle soit zombie ou qu'elle squatte le bar du Goon, elle n'est pas jojo non plus.
Complètement délirant dans le dessin donc, s'inscrivant volontairement dans la lignée des comics de science-fiction des années 60, The Goon s'offre quelques incartades plus "graphiques" dès qu'il s'agit de mettre en scène des flashbacks. C'est d'ailleurs pendant ces séquences que le dessinateur fait la preuve de ses qualités, on en regrette presque qu'il n'ait pas choisi ce style pour le reste.
Totalement maître de sa série, Powell se lâche au moins autant au niveau des dialogues qu'il ne le fait avec le dessin. C'est bête et méchant, gratuit, absurde et toujours résolument hilarant. Les situations sont toutes plus improbables les unes que les autres (quand bien même on est chez les zombies) et jamais l'auteur ne se prend au sérieux. La dernière "histoire" reproduite dans ce premier volume ("Attack Of The One Eyed Scumbag From Outer Space") par exemple, est un clin d'œil sarcastique aux scénarios de SF sans queue ni tête.
Ce premier tome de The Goon se lit donc facilement et rapidement. On apprécie de voir le gros bras à la dégaine de docker défoncer des crânes pendant que son pote Francky balance quelques vannes bien nazes. L'absurde omniprésent et l'efficacité des dialogues compensent la relative vacuité des scénarii mais on peut quand même regretter l'absence d'un fil conducteur plus épais, d'une intrigue générale sous-jacente plus profonde. Ceci dit, on passe un très bon moment de rigolade à la lecture de ce premier tome.