There She Blows !
Une BD entièrement réalisée par Mobidic. La narration, tout comme le trait de son auteure, est fluide et agréable. Les couleurs somptueuses sont dans une tonalité automnale et renforcent une...
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le 7 déc. 2015
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Une première bande-dessinée est toujours une épreuve pour un auteur en devenir. Mobidic (au pseudo évocateur !) se lance dans le bain chez Delcourt avec un one-shot qu’il scénarise et dessine, « Roi ours ». Ancré dans les croyances amérindiennes, il présente l’histoire d’une jeune fille, Xipil, destinée à être sacrifiée à la déesse caïman. Elle est alors sauvée par le Roi Ours et se voit contrainte de se marier avec lui. Le tout pèse 110 pages pour un format A4.
Le scénario se base sur la découverte du monde des dieux par une mortelle (même si les dieux y sont mortels également). Les entourloupes, les négociations, les humiliations… Xipil a bien du mal à s’intégrer, alors que son espèce est considérée comme en bas de la chaîne alimentaire. Heureusement, elle y trouve le soutien de son mari et de la mère des singes, qui fait un peu partie de la famille.
Si le début de l’histoire est plutôt bien mené, on reste un peu sur notre faim. Les développements amenés trouvent une fin un peu brutale. Même si le sens de l’ouvrage prend son sens à sa fermeture, il y a, dans la narration, une impression que l’on partait vers ailleurs. Qu’importe, « Roi ours » possède un univers, une ambiance, une personnalité qui transparaît dès les premières pages. Le sujet abordé est original et, finalement, bien développé. Mais alors qu’on imaginait en début de livre une histoire complexe, on est plutôt du côté de la fable. Pris ainsi, « Roi ours » remplit son contrat.
Pour mener son histoire, Mobidic maîtrise pleinement son découpage. Aussi à l’aise dans les scènes d’action ou les scènes intimistes, il alterne également les pages de dialogue avec les pages muettes. Le tout avec autant de pertinence.
Le dessin est un gros point fort de l’album. Mobidic possède un trait qui rappelle immanquablement le dessin animé, tant par ses animaux que par sa façon de dessiner les humains. Et si quelques rares cases sont maladroites, l’ensemble est assez remarquable. La beauté des images saute aux yeux, les personnages sont expressifs et les cadrages sont parfaitement maîtrisés. Et que dire des couleurs, au diapason du trait ? Elles embellissent le dessin et renforcent les ambiances avec talent.
Mobidic, pour son premier album, s’est occupé de tout. Et si ce « Roi ours » possède quelques imperfections, il reste un livre d’une vraie beauté, doté d’un scénario original, sorte de fable fantastique et (un peu) écologique. Un auteur à suivre, tant sa maîtrise du sujet est évidente. On pourra cependant regretter un encrage et un lettrage un peu trop gros pour le format. Un livre au format comics aurait été certainement un meilleur choix pour l'édition. Un mauvais choix de l'éditeur pour le coup.
Créée
le 11 juin 2015
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