Ouch ! Mais que s'est-il passé sur cet album ? J'ai essayé de trouver une interview qui expliquerait cela... tout ce que j'a pu obtenir comme information, c'est qu'après cet album, les héritiers de Martin ont préféré se passer de lui. Et on peut le comprendre.
Le bougre a clairement régressé sur cet album. Je sais que Martin s'occupait encore de faire quelques crayonnés et d'établir le découpage, ce qui n'était pas très sérieux au vu de son état physique, mais quand même, le jeune Rafael avait de plus en plus de liberté pour justement amener sa patte. Et puis ça n'explique pas le fait que le dessin soit aussi moche : les personnages sont toujours figés comme des marionnettes, les visages toujours plus inexpressifs, les décors aussi peu investis. Le découpage manque d'inspiration, d'audace, les scènes d'action sont très molles. Et puis ces couleurs criardes qui font gicler du pu hors des pupilles ! Que de violence ! Pourquoi avoir encore changé de coloriste ? Et comment celle-ci s'est-elle retrouvée à ce poste avec autant de lacunes ?
Si le problème ne venait que du dessin ça irait... apparemment, martin aimait bien inventer son histoire à partir d'un pitch de quelques lignes ; il n'hésitait pas à ajouter des idées à la dernière minute, partir dans une nouvelle direction. Cela se ressentait déjà dans les précédents album, mais jamais un récit n'aura paru aussi brouillon, aussi aléatoire que ce "Roma, Roma..." ! L'intrigue ne devient pas tellement incohérent, mais on a du mal à saisir le sens. L'aspect brouillon de l'intrigue étant en plus renforcé par des personnages peu reconnaissables visuellement. C'est bien ça le problème de l'histoire : on ne comprend rien. Seul martin devait savoir ce qu'il faisait. Et encore... En plus, on dirait que cette histoire est un grand panneau publicitaire pour d'anciens albums ! Beaucoup de pages comportent l'annotation "voir 'tel album' ". Cette auto-référence devient très vite pénible.
Il y a heureusement de quoi rire un peu dans cet album. Enak qui improvise une danse, rechigne à se déguiser en femme pour faire l'acteur, Alix qui fait des propositions indécentes à Lydia lors d'un bain de minuit, puis refuse celles que lui fait Julia. Il y a aussi quelques vignettes assez trash : l'exécution du méchant à la fin, mais aussi le massacre du début (où le sang a la même couleur que le vin). Enfin, il y a cet horrible enfant kidnappé : toute la séquence autour de ce kidnapping est d'ailleurs complètement aberrante, défiant toute règle de narration.
Bref, "Roma, Roma ..." est une petite catastrophe que je ne m'explique pas ! J'espère un jour avoir un surplus d'informations à propos de la conception de l'album...