Critique de Shaynning
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Juillet 2017. Paul va mal. C’était déjà le cas cinq ans plus tôt dans Paul à la maison et force est de constater que rien n’a vraiment changé depuis. Sa femme l’a quitté, son père vient de mourir, sa fille Rose est partie vivre en Angleterre, il ne parle plus à sa sœur, sa belle famille lui manque et la solitude lui pèse de plus en plus. Heureusement Rose est de retour et elle décide de changer les idées de son papa chéri en l’emmenant faire un séjour sur une île de l’estuaire du St Laurent. Un coin paumé où les habitants sont aussi rares que le wifi. L’été, la nature, les oiseaux, la plage, une maison en bois aux toilettes rustiques, quelques bons bouquins et enfin l’occasion de se changer les idées pour notre grand mélancolique.
Les insulaires sont rares mais tous possèdent une énergie débordante et une joie de vivre qui contrastent avec le spleen de Paul. Ces rencontres lui font du bien et les balades en solitaire vont lui permettre de faire le point, de se remettre dans le bon sens après des mois de dépression. Le texte à la première personne tourne à la confession sans dramatisation. C’est comme d’habitude, à la fois drôle et poignant, plein d’émotion quand il évoque son père et la lettre de remerciements qu’il lui a écrit après sa mort. La réflexion porte également sur son statut d’auteur de BD, la fatigue engendrée par les festivals et la promotion tous azimuts, le fait qu’il est difficile de se renouveler dans le registre de l’autofiction quand on a déjà raconté toute sa vie. Et comme inventer des histoires, ce n’est pas son truc, l’horizon professionnel semble aussi bouché que sa vie personnelle. Heureusement qu’il y a Rose. Celle qui n’était hier encore qu’une fillette affiche fièrement ses vingt-trois printemps. Sa volonté de redonner la joie de vivre à son père est hyper touchante et Paul la décrit avec une tendresse et une admiration qui fendrait l’armure du cœur le plus dur.
Graphiquement le trait de Michel Rabagliati se reconnait au premier coup d’œil, même si cette fois-ci, au niveau de la forme, tout change. Pas de case, pas de bulle, du crayon plutôt que de l’encre et un objet-livre penchant bien plus du côté du roman illustré que de la BD. Au final, cette liberté d’articulation entre le texte et l’image permet de retranscrire avec précision et poésie un environnement aussi sauvage que chaleureux.
Créée
le 4 sept. 2024
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