Un peu paumé là... Nan, vraiment, c'pas juste un jeu de mot !
Un petit groupe issu de la Legion des Super-Héros du 31ème siècle se voit contraint de faire un bond dans le passé pour arrêter un terroriste extra-terrestre. Ce dernier a réussi à s’enfuir au 21ème siècle et cherche à dénaturer la race humaine en relâchant un virus capable de modifier les gênes de n’importe quel être vivant. Des mutants vont apparaître partout (voilà qui est pratique pour expliquer la recrudescence de super héros et super vilains de cet univers…) et les membres de la Legion vont essayer d’arrêter cette menace tout en espérant ne pas modifier le cours de l’histoire… En contrepartie, ils vont essayer de trouver un moyen de revenir à leur époque, car leur machine à voyager dans le temps s’est brisée une fois le voyage effectué, à cause du soit disant " Flashpoint Effect " .
En découvrant cette série, j’espérais découvrir un petit peu naïvement les conséquences réelles de Flashpoint sur le temps et la vision de cet évènement qu’ont les mecs du futur. Mais il n’en est rien. Oublions tout ça et concentrons nous sur la Légion. Et titre Légion oblige, titre difficilement accessible pour le novice. Un peu comme si ça devait être la règle numéro un de n’importe quel comic book sur cette équipe. On ne prend que quelques membres de l’équipe : Timber Wolf, Tyroc, Dawnstar, Wildfire, Tellus, Gates et Chameleon Girl. Chacun ayant ses propres pouvoirs et sa propre histoire. Problème ici, les membres ne sont pas présentés de manière individuelle, même pas de « bulle » de rappel comme c’est généralement le cas dans les titres plus ou moins « cosmique ». On nous balance des noms et des pouvoirs comme si c’était acquis… Et il m’a fallu un peu de temps pour bien apprécier chaque personnage, même si j’en connaissais la plupart d’avant.
Cette accessibilité est vraiment problématique et reste je pense, plus gênante encore que dans le titre Legion of the Super-Heroes critiqué ici. Au delà de ça, l’histoire se veut dans les premiers instants, intéressante et oppressante. Le danger que représente Alastor (le terroriste qui veut répandre le virus) est bien réel et il va faire d’énormes dégâts dans notre époque. Mais c’est comme si les auteurs refusaient d’aller au bout des choses, au final, tout les impacts que l’on croit irréversibles sur notre monde semblent finalement être des évènements « normaux ». Ils auraient par exemple, effectivement pu se servir de ce personnage pour expliquer tout les méta-humains qui se baladent sur Terre sans qu’on en connaisse la provenance. Ok, ça aurait fait des origines de super-héros ou de super-vilains moins funs mais j’aurais trouvé ça culotté et fichtrement sympa. Imaginez le poids de la Légion sur la timeline de l’univers DC après ça ! Fantasmes refoulés de scénariste mis à part, c’est d’autant plus dommage que, sans trop vouloir vous spoiler, la Légion va plus ou moins échouer et l’idée que ces évènements DEVAIENT se passer, est suggérée. Mais jamais appuyée ou confirmée. Comme si l’histoire elle-même n’était pas assumée. On finit par plus s’intéresser au sort de nos héros qu’aux conséquences de leurs actes et du vilain qu’ils poursuivent. Ça tombe pour le coup méchamment à plat au niveau de l’intrigue.
Je rajouterais tout de même un dernier mot sur le dernier chapitre du tome (équivalent du numéro #7 de la série) qui, à défaut de relever l’intrigue principale au rang d’indispensable, reste malgré tout un un très bon épisode, très poétique et assez centré sur le personnage de Tellus, l’espèce de gros crapaud jaune galactique aux puissants pouvoirs télépathiques (que vous pouvez voir au dessus). Il touche certaines sensibilités souvent traitées un peu à la va vite au sujet de la mort, du coma et des maladies incurables. Une jeune fille est dans le coma, condamnée à mourir, et Tellus va lui permettre de vivre de merveilleux derniers instants, tout en recevant en contrepartie, toute l’énergie et la bonté d’âme de la jeune fille (toute l’intrigue ne se résume pas à ça, mais je vous donne l’essentiel). C’est très bien écrit (par Tom DeFalco qui reprent ici le titre sans Fabian Nicieza qui a écrit tout le reste) et vraiment très touchant, sans jamais tomber dans le mièvre ou l’apitoiement. Bien au contraire, un regard juste et tendre sur une dure réalité que vivent les personnes accompagnant leurs amis et parents en fin de vie. Cela méritait d’être signalé !
Le dessin de Pete Woods, quand à lui est raisonnablement joli sans être exceptionnel. On se rend compte à ce stade que c’est le cas de beaucoup de titres New 52. On tombe dans une routine de visuels certes efficaces, mais rarement surprenant. Maintenant, est-ce vraiment un grave défaut ? Je ne sais pas. Mais ça enlève une plus value à pas mal de titres, et celui-ci en fait partie. C’est lisible, efficace, et loin d’être moche. Mais c’est juste banal, un peu, finalement, comme le ton donné à cette série, qui aurait pu mériter une meilleure exposition et apporter de réelles conséquences à l’univers des New 52. A noter cependant qu’à l’instar de l’intrigue, je trouve les dessins du monsieur bien plus inspirés sur le dernier chapitre du tome. A croire qu’une bonne histoire aide bien souvent à mieux dessiner !
La suite de cette BD se trouvant dans le crossover The Culling (avec Teen Titans et Superboy), je doute une fois de plus que la donne change sur la suite, et ce malgré le dernier chapitre qui donne pourtant de bons espoirs sur la qualité du récit. Fans de la Légion, vous pourrez toujours vous intéresser à ce titre pour voir le devenir de certains personnages réputés de cette équipe. Pour les autres, si vous voulez juste découvrir l’équipe, allez plutôt sur le titre classique Legion of the Super-Heroes qui se suffira à lui même. A titre personnel, je suis loin d’avoir détesté (surtout si on le compare à d’autres navets du relaunch), mais je reste déçu par le manque d’audace et le manque d’accessibilité qui dessert le propos plus qu’il ne lui fait honneur… Une fois de plus… C’est un peu la frustration qui accompagne cet envie de faire connaître un peu plus cette Légion des Super-Héros qui le mérite vraiment ! Une prochaine fois peut-être. A noter que cette série est annulée au numéro #16 (avec le #0 en bonus). Elle ne connaîtra donc que deux tomes en TPB.