Prometteur....

Ruyko, par Eldo Yoshimizu est un manga atypique, mais ça, quand on peut entrapercevoir le logo du "lezard noir" dessous, on le sent immédiatement!...De quoi ça parle?...y a un résumé pour ça, vous n'aurez qu'à le lire, et paf!....Non, non, si vous me lisez régulièrement vous saurez que moi, je parle toujours du reste!...Des qualités, de ce que j'en ai pensé à la lecture, etc....Hé bien, c'est parti!

Les plus: Un manga qui a de la patine, la patine à l'ancienne, pleine de bonnes références bien balancées et qui devraient plaire aux puristes! Alors quand je parle de réf', je m'adresse aux fans de genre "Jingi"....Si vous aimez K.Fukazaku, et tout les films qu'il a mis en scène, de "combat sans code d'honneur" au somptueux "cimetière de la morale", etc...C'est le manga pour vous! On sent l'aspect "crime organisé" qui fascine l'auteur, les cadrages dynamiques, les onomatopées qui explosent sur les planches et un dessin qui rappelle les maîtres du genre, de Leiji Matsumoto, en passant par Shirato Sempei, ou encore Shotaro Ishinomori par exemple. Mais on sent que l'auteur a mis sa patine, son trait, et a pris plaisir à raconter son histoire....Et ça, c'est cool!
La première partie du script est d'ailleurs pas la plus intéressante, c'est un brin décousu, facile, trop classique et mal engagé, j'ai eu peur...Mais dés la deuxième moitié, là on rentre plus dans l'histoire on voyage même car il y a beaucoup de références sur le crime organisé, mais à l'échelle internationale, et le tout avec ses ramifications proches du gouvernement, des militaires, des politiques, en somme, des emmerdements avec un grand "E"!!...Et ça c'est pas mal.

Les moins: ce que je viens de citer, une amorce pas très bien foutue, limite amateur dans la mise en place, je parle du script, pas du dessin. Mais j'y reviendrai aussi au graphisme. En tout cas d'entrée, les dialogues sont je pense le plus gros talon d'Achille de l'affaire, c'est très mou, sans surprise, mal gaulé. Je me dis limite, est-ce la traduction qui est mal captée, du coup qui ne remet pas en place les dialogues originaux écrits par l'auteur, ou est-ce l'auteur lui même qui a entamé, amorcé son histoire à la vas y que je te pousse!....Je m'explique, le fond est cool, et on a envie d'aimer les persos de base, surtout bien sûr Ryuko qui est l'héroïne...Mais tout glisse comme ça, sans surprises, ça tombe comme un cheveu sur la soupe et ça fait redescendre le soufflet, pardon pour l'analogie culinaire!
Mais dés la deuxième moitié, là, ça commence à prendre, y a quelques pains mais on a envie de se laisser emmener dans l'histoire et ça, c'est encourageant pour la suite...Je pense que les prochains tomes seront bien meilleurs et venant d'un artiste atypique comme E.Y je n'en doute pas....
Le prix hélas, peut être un peu handicapant pour ce bouquin, presque 20 euros. Pour du manga c'est énorme! Je ne dénigre pas le support etc...Mais le "lézard noir" a fait un choix qu'il assume, et tout à son honneur, faire du beau livre. Alors c'est cool, mais je trouve quand même que c'est très cher, quand bien même c'est un beau livre, quand bien même tout ce que l'on veut, c'est très cher, et c'est dommage car je suis convaincu que ça rebute un lecteur potentiel qui comme je le souligne souvent, n'a pas un porte-monnaie extensible à l'infini!!!...Je pense qu'un couverture souple, mais toujours d'excellente qualité n'aurait rien enlevé au plaisir de lecture loin de là. Perso, je trouve même limite inconfortable cette couverture cartonnée trop épaisse et qui alourdit incontestablement la facture à la sortie. Mais à la défense de l'éditeur, il me semble que malheureusement, l'édition japonaise d'origine est faite ainsi, chose rare dans le paysage du manga. Mais l'auteur étant un artiste atypique je le redis, puisque il ne vient pas du manga à l'origine, mais est plutôt un artiste au sens large du terme, limite contemporain même si j'osais....je pense qu'ils ont voulu garder ce cachet élitiste et franchement c'est dommage, mais ce n'est que mon point de vue!

En conclusion, sans être dantesque, le manga est fait avec plaisir, avec amour, et avec le soin d'un artisan qui veut faire mûrir son bébé en sachant d'ores et déjà ou tout ça va partir, et j'adhère!
Pour le dessin, tout les ingrédients y sont, mais je préfère quand l'auteur se lâche vraiment, et quand il ne cherche pas à imiter, singer ses maîtres ou les artistes qu'il admire clairement car ce bouquin est aussi un aveu d'amour en vers ses auteurs cultes de Gekiga, de Jidaïmono ou de pur Shonen de genre! Reste qu'il a la force de ces japonais qui progressent à une vitesse cosmique de chapitres en chapitres, le dessin prend rapidement de l'allant et on est fasciné par le plaisir qu'il prend à gratter les bons vieux véhicules à l'ancienne, les motos, bagnoles, et les run qu'il dessine derrière pour mettre tout ça en scène! Une excellente initiative également sur les personnages secondaires, notez-le!...

Je serai ravi de savoir un peu ce que vous en aurez pensé après lecture, n'hésitez pas à me laisser vos avis, je prend toujours plaisir à les lire, quand il y en a! Bonne lecture à tous!