Un manga d'artiste.

Avant d’être un mangaka, ELDO Yoshimizu est avant tout un artiste, un sculpteur. Avec Ryuko, il nous propose son premier mangas, aux éditions Lézard Noir. Cette maison d’édition étant spécialisée dans les mangas atypiques, on est pas vraiment surpris par le visuel : des dessins très particuliers, très en phase avec le penchant de l’auteur pour l’art moderne.. Mais un artiste, aussi réputé soit-il, réalise t-il forcément un grand manga ? Réponse en quelques lignes.

Points forts :

↑ Graphiquement… »Intéressant ».

↑ Une narration audacieuse, très rapide, au risque de perdre le lecteur. On change de lieu et de personnage aussi vite qu’on change de bulle.

↑ Ryuko. Rien à dire, le personnage est réussi, badass, et bourré de charisme.

↑ Une édition de luxe, qui a cependant un prix : 19 euros.

Le gros sujet sur ce manga, c’est indéniablement le graphisme. Il peut aller de génial, pour ceux qui affectionnent les gekiga et le cinéma asiatique, à médiocre pour ceux qui ne s’y intéressent pas. On ne voit pas ce style tous les jours, et pour cette raison, il figure dans les points positifs. On récompense l’audace.
On notera quelques bonnes idées, notamment sur une narration atypique tant elle est rapide, et en enchevêtrement d’histoires annexes, qui viennent enrichir la trame de base. Cependant, toutes ces qualités sont malheureusement aussi… ses défauts.

Points faibles :

↓ On peut aimer le dessin, mais objectivement, c’est clairement très brouillon. Scènes d’actions quasi illisibles, cases parfois incompréhensibles, et rendu souvent très « brut ». On pourra toujours arguer qu’il s’agit d’un habile jonglage entre différents styles de dessin, ou d’un hommage à certaines œuvres Japonaise, le résultat est le même : c’est incompréhensible. Cette débauche d’effets visuels et de styles différents nuisent considérablement à l’immersion.

↓ L’histoire n’est pas follement captivante. Plusieurs thèmes sont abordés, les clans de Yakuza, la guerre Afghane, ou encore la vengeance, mais l’ensemble parait assez décousu. On peine à se passionner pour cet univers

↓ Faut s’accrocher. Entre les dessins brouillons, l’introduction des personnages quasi inexistante, et la narration ultra rapide, pas toujours évident de retrouver qui est qui, et qui à fait quoi.

Si la prise de risque est louable, le résultat convainc difficilement. Avec une telle narration, difficile de s’attacher aux personnages, et de suivre l’historie dans de bonnes conditions. En résulte un manga à l’image même de l’art contemporain : si vous êtes dans le délire, ça peut passer. Si non, vous resterez comme moi, avec un regard d’ahuri en tournant la dernière page de ce premier volume.

Suite et fin de la critique sur Bullaka ! Critique Ryuko