S’il y a une BD qui en impose actuellement sur les étalages des libraires, c’est bien Shangri-La, le nouveau bébé de Mathieu Bablet, déjà auteur du très bon Astradée. Il faut dire qu’Ankama n’a pas fait les choses à moitié pour bichonner leur premier titre SF du Label 619, en proposant une édition juste parfaite : grand format, couverture cartonnée, reliure à dos toilée, papier de qualité. C’est bien simple, une fois en main, on penserait tenir un livre de plus de 40-45 euros.
Que nenni, puisque ces quelques 200 pages sont affichées au tarif assez surprenant de 19,90 euros ! Ankama force le respect.
Mathieu Bablet remplit également, et assez largement sa part du contrat, en proposant un scénario de qualité, et une réalisation solide.
Les points forts :
↑ Une édition juste incroyable. Un objet magnifique dans une collection.
↑ L’utilisation de la couleur est particulièrement intéressante, avec des planches presque monochromes, qui confèrent à l’ensemble, un rendu assez singulier.
↑ L’auteur fait preuve d’un certain talent pour les environnements, que ce soit pour les inventer, ou les dessiner. On peut passer du temps à scruter chaque détail et particularité d’un environnement, et qui témoignent du soin apporté par Mathieu Bablet.
↑ S’il est finalement assez classique, le scénario ne faiblit pas durant ces 200 pages. On regrettera cependant un certain côté trop moralisateur, et manichéen. Par contre, le récit amène à une réflexion intéressante. Réflexion qui sera largement enrichie par une relecture future.
↑ Une kyrielle de références en tout genre, à notre monde actuel.
↑ Une fin avec peu de mots, mais qui en dit long…
Shangri-La est un bel ouvrage, aussi bien sur la forme, que sur le fond. Une fois plongé dans les étoiles de Mathieu Bablet, difficile de revenir sur terre avant d’avoir tourné la dernière page.
Les points faibles :
↓ Si le dessin est globalement excellent, Mathieu Bablet confirme ses difficultés avec les visages des personnages. Proportions hasardeuses, esthétique douteuse, et ressemblance gênante entre plusieurs personnages. C’est dommage, on était pas loin du sans faute.
↓ Des allusions pas toujours très subtiles et parfois trop insistantes. On a bien compris qu’Apple c’était mal et que la surconsommation c’était pas bien. Apporter un peu de légèreté à ces propos aurait pu rendre ces allusions moins indigestes.
↓ Parfois un peu trop verbeux.
↓ Les personnages, et certaines relations, manquent de profondeur. La relation entre les deux frères sonne assez creux. On peine à s’attacher réellement aux protagonistes, même si le but de ce récit ne semble pas être dans l’affect du lecteur envers les personnages.
Malgré quelque défauts, Mathieu Bablet à abattu un travail titanesque, et on sent un réel désir de bien faire, tout au long de l’ouvrage. Ankama s’avère être d’un précieux soutiens, avec une édition qui sublime le scénario et le trait de l’auteur.
Il reste une belle marge de progression sur la qualité de narration, mais les progrès de Bablet par rapport à son précédent récit, sont déjà assez bluffants.
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