Sailor Moon
6.4
Sailor Moon

Manga de Naoko Takeuchi (1991)

Il s’agit sûrement de l’auteur (sinon de la personne) qui a eu le plus d’influence sur moi. Du coup, cet article pourrait être potentiellement lourd à porter mais je me jette à l’eau. Lorsque j’étais tout petit et que je vivais au fin fond de la Martinique, sur la partie agricole (et la plus isolée) de l’île et que j’étais entouré, yeux bleus et cheveux blonds, de caribéens, je comprenais pas encore tout très bien. Jusqu’à ce que je rencontre Sailor Moon, qui m’apportait la révélation : mais oui, c’était évident, j’étais une princesse de la lune qui avait été abandonnée en ce bas monde et qui devait patienter en attendant que son peuple (probablement prostré et malheureux quelque part) revienne la chercher.


Je n’étais pas le seul à être marqué par Sailor Moon, qui a fait le tour du monde tout comme Dragon Ball. Les deux mangas partagent certains points communs, comme d’être inspirés de contes traditionnels japonais. Sailor Moon se trouve encore toujours aussi présente dans le coeur de la plupart de ses fans.


Je me rappelle d’un article très amusant que j’avais lu il y a longtemps, et qui soulignait à quel point Sailor Moon était riche sur les sexualités. J’essaye de faire la liste de mémoire, mais si je me rappelle bien, deux personnages sont lesbiennes, trois personnages (maléfiques) se trouvent être des drag queens, quatre personnages sont transgenres (dont l’une des deux lesbiennes), un personnage a brièvement une romance avec une licorne.


Sailor Moon est riche aussi de différents arcs : Le premier traite des origines de Sailor Moon, le second de son avenir (Naoko Takeuchi va traiter du sujet délicat des voyages dans le temps)…. Le troisième arc est très sombre comparé aux deux premiers, j’avais envie de dire que le quatrième était plus léger avec ses intermèdes rigolos et le costume plus lumineux de Sailor Moon, mais maintenant je me rappelle qu’il était sacrément stressant, car les deux personnages principaux se trouvent atteints d’une maladie mortelle, et les personnages secondaires traversent tous des crises existentielles. Le dernier arc est juste atroce, avec le personnage principal qui perd tous ses proches, les uns après les autres, jusqu’à l’ultime conclusion.


Mes personnages préférés étaient Sailor Vénus et Sailor Saturne, Eros et Thanatos… J’ai toujours été intrigué par Sailor Vénus, j’aimais à la fois son amour pour les garçons, mais je souffrais aussi qu’elle ne soit que la doublure de Sailor Moon, la servante supposée détourner l’attention des ennemis et subir les attaque à sa place dans le premier arc. J’étais aussi fasciné par Sailor Saturne, Naoko Takeuchi avait l’art et la manière de développer ses personnages : Olivia (l’alter-ego de Sailor Saturne) collectionnait les lampes, aimait s’habiller de couleurs sombres (principalement pour dissimuler qu’elle était un cyborg, je vous ai déjà dit que Sailor Moon c’était foufou ?) et Sailor Saturne “capable de raser une planète entière” était probablement la seule sailor qui tenait la comparaison avec Sailor Moon.


J’ai lu quelque part (et là, encore, ça remonte à longtemps) que les personnages de Naoko Takeuchi pouvaient se ranger probablement dans deux catégories de modèles : la femme orientale idéale et la femme occidentale idéale. Les personnages calmes et sérieux comme Sailor Saturne étant à ranger dans la première catégorie tandis que les personnages plutôt garçons manqués et qui s’affirmaient étaient à ranger dans la seconde (Sailor Vénus, par exemple).


Je dois vous avouer que je n’aime pas du tout la dernière adaptation de Sailor Moon en dessin animé. Quand j’étais petit, je n’aimais pas non plus la première adaptation (mais on est souvent en désamour avec les adaptations quand on est petit) parce que le manga était pour moi l’original, la Bible. Jusqu’à ce que j’apprenne que le manga et le dessin animé avaient été développés en parallèle et que Naoko Takeuchi avoue elle-même avoir appris plein de choses du dessin animé (notamment pour ce qui est du choix des couleurs, Sailor Moon devait avoir les cheveux blancs à l’origine, mais le studio préférait le jaune parce que ça faisait meilleur effet avec l’uniforme bleu et rouge). Si je devais faire un remake de Sailor Moon, je m’éloignerais du scénario original pour proposer une alternative. J’écarterais les aspects ésotériques (comme la réincarnation) pour accentuer l’aspect SF de Sailor Moon. Usagi et Mamoru (personnages principaux) seraient des clones, Luna et Artémis (serviteurs de Sailor Moon) seraient des robots, Beryl (personnage maléfique) serait à la tête d’une organisation secrète. Après tout, même dans la version originale, Sailor Moon reste tout de même une reine Alien qui domine entièrement la planète dans un futur lointain grâce au pouvoir de son cristal d’argent (dont la puissance est comparée à celle d’une bombe atomique).


Naoko Takeuchi reste aussi un modèle pour moi parce qu’elle était autodidacte, elle avait fait des études de pharmacie, elle recopiait des shojos, et Sailor Moon est imprégné de toutes ses passions : l’astronomie (Naoko Takeuchi rêvait d’être cosmonaute mais ne remplissait pas les conditions nécessaires), les pierres précieuses, etc. (chacune des sailors avait une pierre précieuse qui lui était attribuée) Steven Universe fait sans doute un très bon remake de Sailor Moon, sans négliger l’influence de Puella Magi Madoka Magica et sa relecture de ouf du trope de la magical girl (ce qui est drôle, c’est qu’on peut faire des parallèles entre Sailor Moon et Puella Magi Madoka Magica aussi : on retrouve par exemple à chaque fois une fillette aux cheveux roses adulée par une autre aux cheveux noirs et capable de voyager dans le temps) Je me suis demandé si Kill La Kill pouvait aussi être lié à Sailor Moon, mais à part l’uniforme marin, et les extra-terrestres, les deux histoires n’ont pas grand-chose en commun. Je pourrais aussi souligner que Le conte de la Princesse Kaguya est sorti à peu près en même temps que la nouvelle adaptation de Sailor Moon et qu’il a sans doute un peu mieux saisi certains enjeux. Je pense par exemple à cette scène glaçante, lorsque l’empereur pose la main sur la princesse Kaguya contre son gré.

plezirdezie
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le 9 juil. 2016

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