Saison brune par belzaran
A force de voir « Saison brune » mis en avant dans ma bibliothèque et trustant les premières places du « Top blogueurs des BD », je me suis dit qu’une lecture pourrait s’avérer intéressante. J’ai donc franchi le pas sans même savoir de quoi parlerait cet ouvrage, ayant seulement l’intuition d’une bande-dessinée documentaire. C’est Philippe Squarzoni qui est aux manettes, tant au scénario qu’au dessin. Le tout est édité chez Delcourt.
Si l’on ne connaît pas le thème de l’ouvrage, force est de constater que l’on va devoir attendre un peu avant de le savoir. L’auteur commence par une digression sur « comment démarrer un livre » puis parle de son précédent bouquin, « Dol », qui fait le bilan des années Chirac. Il constate alors que son dernier chapitre à écrire, concernant les problématiques environnementales, ne le satisfait pas. Il considère mal connaître le sujet. Il va donc se documenter et de fil en aiguille, en faire un nouveau libre. Ainsi, après quarante pages, on rentre enfin dans le vif du sujet : le réchauffement climatique.
Philippe Squarzoni reconnaît au début de l’ouvrage qu’il ne connaît pas le sujet et cela se voit. Il s’est fortement documenté et accouche d’un ouvrage très détaillé, ne laissant aucune place à l’approximation. Mais ce qui est clairement le point du livre en fait aussi son défaut. L’auteur nous balance des chiffres à foison afin d’être bien précis. A force de vouloir trop bien faire, ces chiffres perdent clairement du sens. Refusant une approche « choc », il perd en percussion et rapidement l’ennui se fait sentir. On avale les pages et les remarques difficilement. Et l’impression d’un ouvrage un peu laborieux se fait sentir.
L’ouvrage est construit sous forme de chapitres thématiques (l’énergie, l’agriculture, etc.) entrecoupés de scènes de la vie de Squarzoni. J’ai trouvé les intermèdes inutiles et un peu complaisant, voire arrogant. L’auteur y mêle la réflexion sur comment faire un ouvrage (le démarrer ou le clore) et analyse sa propre vie (dois-je refuser d’aller en Asie car je pollue en prenant l’avion). L’ouvrage pesant pas loin de 500 pages, j’ai trouvé toutes ces digressions inutiles. Non seulement elles n’apportent rien à l’ouvrage, mais elles l’alourdissent d’autant plus.
Cependant, cela n’entache en rien le travail documentaire colossal de l’auteur. Le tout est fait de chiffres, d’interviews et d’explications scientifiques. Le tout reste très accessible au grand public, mais reste pointu quand même (je précise que j’ai fait mes études dans les thématiques environnementale). Je trouve simplement dommage que l’auteur ait souhaite une telle exhaustivité. Le dessin s’articule autour du texte à la façon d’un documentaire télévisé. Le parallèle est tellement évident qu’il m’a gêné. On voit ainsi des personnes interviewées parler en plan fixe, comme à la télé. Et la narration se fait sous forme de voix off. Cependant, quelques cases sont vraiment percutantes mais trop rares dans l’ensemble.
Au final, je comprends bien l’engouement autour de cet ouvrage. Etant déjà convaincu par la thèse de l’auteur et initié au sujet, j’ai trouvé la lecture avant tout laborieuse. Et même si le fond est difficilement critiquable tant le travail réalisé est important, la forme, en tant que bande-dessinée, m’a profondément gêné.