"Gâchis" est un mot qui résume plutôt bien ma réaction devant ce 62ème tome (oof) des Tuniques Bleues.
Cauvin, jamais à court d'anecdotes sur la Guerre de Sécession, nous montre ici le rôle tenu par les animaux lors de la guerre civile. On y croise bien sûr des chevaux, mais également des chiens ou des poules servant de mascotte à leur régiment. Sallie était une représentante de la race canine qui vécut un temps aux côtés du 11ème régiment d'infanterie et qui va croiser la route de Blutch et Chesterfield dans cet album.
Sauf que l'album s'attarde au final très peu sur son sujet de base. On a droit à 4 ou 5 pages en début d'album faisant office d'exposé sur la place des animaux sur le champ de bataille, puis on enchaîne sur une mission d'infiltration dans les troupes ennemies. Certes, Sallie y participe, mais la mission aurait aussi bien réussi (oups, spoiler) si elle n'avait pas été là.
Ensuite, c'est le schéma classique de la série : discussions au sein de l'état-major, charge contre les confédérés puis retraite puisque les commandants sont parfaitement idiots et que le champ de bataille se transforme en boucherie. Sallie revient rapidement au centre des dernières pages, puisqu'on risquerait d'oublier quel était le thème du bouquin.
En soit, l'album n'est pas mauvais et c'est toujours sympathique de relire une histoire de nos deux gradés préférés, mais après 60 ans d'aventures, la série s'essouffle.
On retrouve quelques dialogues mordants entre Blutch et Chesterfield, mais si les expressions employées sont nouvelles et toujours aussi colorées, les thèmes abordés ne se renouvellent pas ("Mon cheval il est malin. -Non, il est bêt...aïe, il m'a mordu !", "Pourquoi vous ne désertez pas ? -Pour pouvoir vous coller une balle dans le crâne quand vous ne regarderez pas.").
Pareil pour le dessin, il est d'une précision assez folle vu l'âge du dessinateur et l'absence totale de numérique ou d'assistants à ses côtés, mais ça doit bien faire 30 ans que le style de Lambil n'a pas bougé d'un poil.
Donc voilà, le thème traité ne sert que de prétexte à d'énièmes disputes entre les protagonistes et à un énième affrontement Nordistes/Sudistes. Cauvin ressort aussi la carte "Cancrelat", parce que ce serait dommage de voir de nouvelles têtes côté Confédéré. C'est con, je suis sûr qu'on aurait pu intégrer un membre canin au duo, qui aurait été une sorte de némésis à Arabesque et qui aurait pu tenir plusieurs albums...
Je ne sais pas ce qu'il faudrait pour que la série redevienne attractive. Du sang neuf sans doute, mais l'album d'hommage à la série sorti il y a 2 ou 3 ans est tristement premier degré (mon Dieu, cette histoire de Renaud Collin...) et je n'y ai repéré aucun repreneur potentiel. Ou peut-être espacer les sorties pour peaufiner les scénarios et laisser le temps à Lambil de soigner 2-3 cases un peu simplistes.
En soit, vous ne pouvez pas vous tromper si vous achetez cette BD pour faire un cadeau de Noël, surtout si le destinataire a 9 ans et ne connaît pas la série, c'est une porte d'entrée correcte. Mais n'y a-t-il pas de meilleurs albums actuellement en vente ?