Jeshua est le jeune propriétaire d'un salon de beauté. Il y travaille avec Alex et Isaia, ses amis en couple, et ils vivent tous les trois au sein du salon. Les trois hommes, travestis, arpentent le soir les allées du parc voisin, pour se prostituer, et trainent aussi dans les saunas et les discothèques du coin, pour y trouver un coup d'un soir, histoire de s'amuser, de vivre à cent à l'heure, de rire, de s'aimer.
Mais l'apparition d'une maladie étrange, qui semble cibler les homosexuels, une maladie dont on ne parle pas, une maladie qui rend les malades honteux, solitaires, désemparés devant l'inévitable, devant la mort qui les fauche sans pitié.
Jeshua décide alors de transformer son salon, ancien lieu de joie et de soins, de beauté et de lumière, en lieu ou viennent se réfugier les malades, un lieu où ils viennent y mourir peut-être un peu moins seuls. Mais la maladie semble se rapprocher de lui peu à peu, en une litanie de noms connus, comme le jeune et fougueux Viktor... jusqu'à l'inéluctable.
J'ai beaucoup aimé cet album, qui nous replonge en plein dans les années SIDA, quand la maladie décimait dans l'indifférence la plus totale, quand ce n'était pas sous les "bien faits pour eux", la communauté homosexuelle. Je n'ai pas lu le roman dont est tiré cette œuvre, mais j'ai trouvé l'histoire poétique, entre la douceur de Joshua, son envie de vivre ce qu'il est sans se cacher, cette plongée dans la fête et les plaisirs, et l'horreur de cette menace qui plane, la maladie n'étant d'ailleurs jamais nommée, ses effets étant transposés sous des couleurs à la douceur pastel et au flashy fluo assez judicieux.
Si vous avez, comme moi, aimé la série It's a sin, plongez dans cette BD où vous retrouverez à la fois ce sens de la fête et de la flamboyance et ce désespoir glaçant.
Un grand merci à l'auteur, aux Editions Dupuis et à NetGalley pour ce service presse numérique.