C'est aussi un père
L’histoire de Miquel, un marchand de bonbons qui se reconvertit un beau jour en garde du corps au Pays Basque, alors que le groupe terroriste ETA multiplie les attentats. Un magnifique roman...
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le 13 sept. 2016
Miguel est vendeur de bonbons dans un petit village d’Andalousie. Sa famille et lui sont loin de rouler sur l’or, mais ils ont tout pour être heureux. Et d’ailleurs, ils le sont. Miguel a un seul problème: il rêve de devenir écrivain, mais ne parvient pas à écrire la moindre ligne. Pour lui, c’est sûr: on ne peut trouver l’inspiration que si l’on vit soi-même une vie passionnante. C’est pour cette raison que Miguel décide un jour de troquer le soleil et l’insouciance de l’Andalousie pour le climat pluvieux et pesant du Pays Basque. Lui qui a pourtant horreur des armes abandonne le commerce des bonbons pour devenir garde du corps dans la région de Pampelune. Il faut dire que dans ce rayon, le travail ne manque pas au Pays Basque, étant donné que tous les personnages publics ou presque doivent y être protégés en permanence contre les tentatives d’assassinat des séparatistes de l’ETA. Miguel est persuadé que ce nouveau travail va lui permettre de faire d’une pierre deux coups: d’une part, sa femme et ses enfants ne manqueront plus de rien et d’autre part, il va enfin avoir de la matière pour nourrir son premier roman. Mais Miguel devenu Mikel ne tarde pas à déchanter. Car le travail de garde du corps n’a rien d’une partie de plaisir. Non seulement, il est traité avec mépris par les Basques, qui appellent les gens comme lui des « txakurras » (« chiens », en basque), mais surtout, il n’a plus la moindre minute de libre pour passer du temps avec sa femme et ses enfants ou même pour écrire. La surveillance de « Tango 55 », le nom de code donné au maire à la retraite d’un petit village basque, occupe en effet tout son temps, d’autant plus que le maire en question a une fâcheuse tendance à passer de longues heures à boire des coups avec son meilleur ami dans tous les bars du coin. Désormais, Mikel passe donc beaucoup plus de temps avec sa coéquipière Rose qu’avec son épouse Ana. Une situation qui ne va évidemment pas plaire à cette dernière…
« Salto » marque le retour à la fois inattendu et réussi de la dessinatrice belge Judith Vanistendael. Quatre ans après le roman graphique « David, les femmes et la mort », un récit poignant sur un homme atteint d’un cancer, l’auteure flamande revient avec un tout autre univers et un tout autre ton. « Salto », qui se penche davantage sur la psychologie de ses personnages que sur le contexte politique basque, raconte de manière mi-humoristique mi-réaliste le parcours contre-nature d’un homme qui, en choisissant de devenir un « ange gardien » au pays de l’ETA, va perdre à la fois sa famille et ses rêves d’écrivain. Ce parcours, c’est l’histoire vraie de Mark Bellido, le scénariste de « Salto ». Ce n’est pas son vrai nom, mais par contre, celui-ci a réellement travaillé pendant quatre ans comme garde du corps avec comme objectif d’écrire un livre. Hélas, comme il le dit lui-même, « tout ça a eu des conséquences ». Au bout de cette période, Mark en a eu assez de cette vie et y a renoncé pour faire le pélérinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. C’est là qu’il a croisé Judith Vanistendael. Entre eux, le courant est tout de suite passé. « J’ai trouvé son histoire fascinante », explique-t-elle. « Et comme j’avais envie de devoir dessiner des choses que je ne dessine pas normalement, de changer mes horizons, une histoire de garde de corps – avec des voitures et des flingues – me paraissait idéale! » Avec ce roman graphique, les rêves d’écrivain de Mark alias Miguel ont donc fini par se réaliser. Ce ne sont pas les lecteurs de « Salto » qui vont s’en plaindre!
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Créée
le 3 août 2016
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