Hommage à Rêve
Environ dix ans à savourer cette saga, lentement, relire, réfléchir. L'un de mes premiers comics, à l'époque, vous imaginez le choc ? Visuel d'abord: Dieu, que c'est moche ! Aujourd'hui, j'ai compris...
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le 10 déc. 2017
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6
Comics de Neil Gaiman, Sam Kieth, Mike Dringenberg, Chris Bachalo, Michael Zulli, Malcolm Jones, III et Steve Parkhouse (2012)
AVIS SUR L'INTÉGRALITÉ DE LA BD SANDMAN
Dur de donner un avis sur ce comic-book de Neil Gaiman qui a duré de 1989 à 1996. J'ai d'ailleurs eu d'autant plus de mal à m'en faire un avis qu'il m'est arrivé de le lire dans le désordre à la bibliothèque, au fil des épisodes manquants. Certains tomes ont une trame narrative qui se suit, d'autres non, d'autres sont des sortes de petites histoires courtes.
A vrai dire, les histoires courtes sont un peu mes volumes préférés, ceux où Gaiman se lâche sur la forme courte et raconte petit bout par petit bout son univers. Parce que Sandman c'est avant tout un univers : celui d'un être qui incarne le concept de rêve à lui tout seul, qui transcende les temps et l'espace et qui, malgré son immortalité, a des doutes, des envies, des sentiments, mais doit faire avec le fait qu'il gère le rêve dans son entièreté.
Et à cet univers se greffe les autres D, les Eternels : Despair (le desespoir) Destruction, Destiny (le destin) Delirium (la folie) Desire (le désir) et Death (la mort.) Tous sont frères et soeurs et formes une sorte de famille très bizarre où chacun tente de vivre et de comprendre les autres tout en étant le concept qu'il incarne. Bon, on sent aussi que certains des D ont inspirés Gaiman plus que d'autres : difficile de faire une histoire avec Destiny, celui-ci étant littéralement un moine qui porte un livre ouvert, par contre il a pas mal utilisé Delirium ou Death au point de lui consacrer deux albums. (C'est rigolo, Gaiman s'associera avec Pratchett qui lui aussi a fait de la mort un personnage récurent de son oeuvre.)
Et pourtant, le premier tome est loin d'être le truc le plus facile à lire de ma vie : le trait de Sam Kieth a bien vieilli et hurle son côté 90's (beaucoup de chapitres de Sandman ont super mal vieillis graphiquement) et raconte une histoire assez sombre sur le seigneur des rêves revenant après avoir été emprisonné. C'est assez bizarre, glauque notamment tout un chapitre mettant en scène des gens dans un fast-food finissant par s'entretuer. Et fort heureusement, le comic-book suit un chemin petit à petit plus onirique, plus poétique (notamment les récits cours et les One Shot) et plus intéressant.
Autre chose qui va évoluer avec le temps, le premier volume est complètement pris dans la mythologie de D.C. Comics : on y croise John Constantine, la Justice League, un super-méchant d'Arkhamn, et finalement, petit à petit Gaiman relègue tout ça au rang de caméo afin de créer sa propre mythologie, celle des Éternels, qui est, il faut le dire, les raisons pour lesquels on lit Sandman. Ce qui est marrant, c'est qu'il est à l'origine d'un autre univers D.C. celui de Lucifer (qui a fini par se décliner en série télé à son tour)
Après suivre l'univers n'était pas si facile que ça, notamment il existe des choses qui sont tellement éparses et évasives que j'ai eu du mal à suivre. (Et je suis pas super fan des serviteurs de Dream car leur apparitions sont assez peu anecdotiques, ce qui fait que lorsqu'ils vivent un destin tragique dans l'épisode 9... j'étais en mode "ha ?") Et il m'a fallut wikipédia pour comprendre le bazar autour du personnage de Daniel Hall. (Pourtant central dans la saga.)
On sent que Gaïman (assez copain avec des musiciens et musiciennes comme Tori Amos) s'inspire du courant gothique naissant : Dream ressemble à Robert Smith, Death est habillée comme une gothique et Delirium fait très punk. C'est très très encré années comic-book des 80/90 au moins jusqu'à Je veux jouer à être toi, le volume 5. On sent aussi qu'avec le temps et la renommé de la série, il a eu accès à plein d'autres illustrateurs différents et il a su faire varier les styles. Le 11e tome est une pépite pour cela : non seulement il part à moitié dans l'expérimentation (15 portraits de Despair) mais en plus c'est l'une des rares personnes à avoir donné à Milo Manara un scénario intéressant dans lequel les passages de cul sont justifiés. Rien que pour ça, merci.
Ha, un dernier mot : l'intégrale de l'édition Delcourt est hyper belle MAIS ses introductions ultra-verbeuses et dythirambiques dans lesquelles tout le monde fait de la lèche à Gaiman, ("plus belle série de tout les temps" "bd pour intellectuel" "génie vertigineux") c'est IN-SUP-POR-TA-BLE. Sans parler que la moitié du temps ça a été imprimé sur des illustrations en noir et blanc et que le texte et le fond a tendance à se superposer rendant une bouillie illisible. Me faire mal aux yeux pour y lire un texte hagiographique qui n'était pas super nécessaire, non merci.
En résumé Sandman reste un bonne expérience et sans doute un des comic-book dont j'ai apprécié la lecture (ce qui concernant mes gouts est déjà un exploit) même s'il y a quelques couleuvres à avaler, et que tout les récits sont loin d'être oufs.
Créée
le 24 avr. 2021
Critique lue 221 fois
D'autres avis sur Sandman : L'Intégrale, tome 1
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