Acte 2 : sublimer ce lointain passé
Oui, vous avez bien fait de revenir. Ce tome 2, est encore meilleur. On se fout des défauts. On se fout de la complexité de l’intrigue ou des ellipses narratives. Le premier tome nous a plongé dans une Egypte oubliée, sombre et machiavélique. Ce nouvel opus va au bout de sa logique, assumant des choix percutants. Techniquement rien de change ; Baranko peint sa toile avec acuité, écrase ses noirs avec délectation, déforme les visages, grave les murs. Certaines séquences sont impressionnantes de virtuosité, à l’instar de cette descente d’escalier, de cette recherche de la barque millénaire. Fichtre, on en prend plein les yeux tant les détails sont nombreux et certaines constructions osées !
Plus encore que cet aspect graphique qui aura peut-être repoussé les plus frileux, le fond devient génial. L’éruption de Thira, la fin de Cnossos, Moïses … la magie noire, Canaan bordel, mais qu’est-ce que j’ai pu jubiler ! Finalement des deux princesses servent surtout à tisser une trame historique envoûtante, laissant de côté le destin des deux héroïnes.
Ne désirant pas tout dévoiler, je vais éviter de plonger plus avant dans les arcanes de la trame. Spirituel et porté par une sagesse qui a disparut pour se figer en vieux temples pour touristes, ce second tome laisse de côté la rigueur historique pour nous emporter. A mon sens, ce n’est assurément pas un problème. La marge d’erreur en égyptologie est importante, certains règnes, à titre d’exemple, étant assurés à … deux siècles près. Baranko a donc eu raison de prendre ses libertés pour nous emporter avec lui dans ces couloirs froids, dans ce désert torride, dans ces cœurs machiavéliques.
Une œuvre rare qui doit sortir de sa case de niche. Astérix c’est sympa ; la BD ambitieuse aussi.