Troisième Ardem que je m'enfile en quelques jours. Celui-ci est un brin plus décevant, un petit brin, un fétu de paille. J'étais enthousiaste, peut-être trop après avoir lu Petite vicieuse.
Du coup, celui-là paraît un peu moins dense sur l'écriture. Sans doute aussi que la structure de cette histoire commence à paraître trop convenue, toujours similaire, avec une jeune femme au départ très prude ou juste inexpérimentée et qui se laisse dominer au point d'être l'objet d'un homme, d’y prendre plaisir. Les bédés d’Ardem finissent toutes plus ou moins sur la même morale : “je suis une salope et j'aime ça “.
J’ai par contre une réelle appétence pour le dessin d’Ardem, un grand point fort. À la limite, je me demande si sur cet album, son trait n’est pas encore plus sûr, plus réaliste, plus beau de maîtrise ?
J'apprécie encore cette voix-off de l'héroïne qui nous propose une entrée privilégiée dans sa psyché malmenée, sans bien entendu qu’on n'accède totalement, laissant une part au mystère (celle probablement du mensonge réaliste, parce qu’en effet, l'évolution psychologique du personnage est-elle véritablement réaliste ou affabulation phallocrate?).
L'histoire en elle même est pas trop mal foutue, mais manque peut-être de consistance en fin de compte, notamment en ce qui concerne le personnage masculin, instigateur de l'initiation : il reste un peu trop dans l'ombre. Sa relation avec l'héroïne est un poil trop mécanique et sans réel impact émotionnel pour le lecteur. Voilà sans doute ce qui me déçoit un chouïa.
Reste une bonne bédé, construite sur une trame correcte, un bon dessin, un texte cohérent.
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