Séki , un dieu vivant ?
Rumi est à côté d'un élève plus que particulier : capable de construire une collone de sable super fine, de tricoter comme un dieu ou encore de lutter contre la fatigue... En plus de faires des...
le 25 déc. 2016
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Comme souvent, j'arrive au manga en passant par l'amorce d'intérêt pour l'animé. J'ai donc été d'abord séduit par 21 épisodes et 2 OAV en dessins animés. L'animé a une vraie séduction, générique de début et de fin, un seul gag suivi mais avec maestria sur sept minutes. Je fus heureux de tomber sur les 2 OAV que je n'avais pas repérés au départ, alors qu'entre-temps j'avais constaté que certains épisodes étaient moins efficaces vers la fin de la série des 21 épisodes.
Pour l'essentiel, les gags traités dans l'animé sont dans les trois premiers tomes, à partir du quatrième tome les gags sont inédits. Il existe dix tomes au Japon pour l'instant.
On ne peut pas critiquer trop frontalement cette série sur son caractère répétitif, ou, si on le fait il faut alors dire que le cadre est trop contraignant. En effet, la base, c'est de toujours revenir à deux élèves, la plupart du temps en classe, l'un, le garçon placé près de la fenêtre, qui s'amuse, l'autre, une fille modèle, qui, malgré ses dispositions studieuses, se laisse distraire. Trouver que les formules sont répétitives, c'est critiquer le concept et tourner le dos à cette forme d'humour. Moi, quand j'étais petit, je ne me plaignais pas du caractère répétitif de la série Cocoshaker. C'était au contraire le bonheur. Maintenant, Séki mon voisin de classe ne fait peut-être pas rire aux éclats comme CocoShaker ou Gaston Lagaffe, mais quand même c'est efficace, ça fait rire, c'est prenant.
Un gag fait 8 à 12 pages environ, ça varie. Il y a peu de cases par page, mais en 8 ou 12 pages on a un certain récit qui se met en place. Les historiettes ne sont pas réalistes. Le personnage principal invente ou fabrique des tas de choses qui encombrent son bureau, font du bruit, mais il ne se fait jamais prendre par le professeur, range le tout à grande vitesse, détruit le matériel scolaire sans se faire prendre non plus finalement. Le professeur n'a aucune perspicacité quand il intervient et quand il reprend notamment l'élève supposée studieuse, sans deviner l'implication du voisin de rangée au fond de la salle. Le prof n'a visiblement pas les yeux sur ses élèves, puisque Séki peut jouer toute l'heure durant avec des montagnes de choses incongrues sur sa table. Pire encore, les autres élèves, sauf profil de gags particuliers, n'interagissent pas, n'ont pas conscience des bêtises de Séki au fond de la salle.
Cela crée un univers autistique marqué. Séki ne parle jamais, il grogne, s'exprime par des grimaces faciales, rit, mais même s'il a des copains, entre dans un groupe, il ne parle jamais. Rumi Yokoi parle, elle, beaucoup, mais l'essentiel du temps elle parle en elle-même pour commenter ce qui se passe et les bêtises de Séki. De temps en temps, elle parle à ses amies, mais j'insiste sur cette dimension autistique, car un trait majeur du gag tient dans la personnalité de Rumi Yokoi. En effet, si les bêtises partent de Séki, les gags naissent de l'interaction avec cette fille qui veut travailler, mais se laisse déconcentrer. C'est ce truc qui est vraiment attachant. Il est réducteur de dire que Rumi Yokoi se fait prendre à chaque fois alors que Séki fait les bêtises. C'est plus subtil et plus compliqué. D'abord, elle ne se fait prendre que de temps en temps, la plupart du temps, personne n'a rien vu à ce qui se passe. Il est vrai que, régulièrement, Rumi Yokoi est la victime de Séki, non seulement parce qu'elle se fait prendre à ne pas suivre le cours, mais aussi parce qu'elle ne prend pas le cours à temps. Mais, elle devient parfois elle-même fautive. Elle est aussi en train dans le jeu, finit par s'amuser. Elle observe parfois que les jeux de Séki sont très puérils, mais rentre elle-même dans le délire parce qu'eller a un même fond enfantin. D'ailleurs, quand Séki joue avec des jeux de société comme le shogi, les échecs, etc., il joue contre les règles, fait des choses absurdes, mais c'est Rumi Yokoi qui donne du sens en nous racontant les choses que probablement Séki imagine. Ce croisement des deux imaginaires est très important dans cette série comique. Séki est le bricoleur doué qui prépare ses jeux à l'avance, Yokoi est plus prise sur l'instant par ce qui se passe, ce qui fait qu'elle se fait surprendre, mais l'imagination et le désir d'évasion, la capacité à créer une histoire, elle a ça en commun avec Séki. Plusieurs histoires tournent autour d'une famille robot de trois personnages et c'est là qu'on voit nettement comment cette fille peut elle-même prendre le relais. Elle a des raisonnements absurdes, ce dont elle a conscience, mais elle évacue la rationalité aussitôt. Elle finit par s'inventer une histoire où Séki n'a été que le détonateur et elle fait ses propres bêtises parfois.
Ce côté de création romanesque propre à Séki et mis en avant avec les monologues de Rimi Yokoi, son côté madame Bovary, un autre personnage de la classe le partage, car si les autres personnages sont secondaires, quelques-uns ont leur importance, et en particulier une autre fille, Goto (de mémoire), fait comme Rumi Yokoi, elle regarde ce qui se passe autour d'elle, se laisse déconcentrer et imagine une réalité. Or, ce qu'elle regarde, c'est Rumi Yokoi en train de regarder Seki, et loin de comprendre que c'est les jeux de Seki l'origine de cette distraction elle imagine une grande histoire d'amour. Même si ce gag manga évite la vulgarité du fan service habituel aux mangas, elle va jusqu'à prêter à Rumi Yokoi un fétichisme des pieds, et on rit quand même beaucoup quand on a un dessin représentant le couple Rumi et Seki dans le délire de Goto, alors que Rumi n'est pas du tout délurée et n'est même pas effleurée par une pensée amoureuse, même si son intérêt pour Seki peut nous sembler évident. Cela crée un autre centre d'intérêt dans cette série comique.
Au-delà des gags retenus pour la série animée, on a aussi quelques épisodes avec une soeur de Seki, et aussi un très bon gag, toujours nimbé d'invraisemblable, où les parents des élèves assistent au cours, avec la maman de Seki et celle de Rumi au fond de la salle. J'ai adoré. De temps en temps, il y a un gag où ça me semble finir un peu en queue de poisson, en instant de vie dont le comique ne dépasse pas le tendre souvenir de ce que nous pourrions avoir vécu nous-même, le tendre souvenir de ce que l'auteur a vécu lui-même, mais je suis assez content de voir que dans le cinquième volume il y a encore des gags rafraîchissants qui me régalent.
Je ne vais pas énumérer ici les gags qui me paraissent plus simples et ceux qui me semblent plus élaborés. Après, vu que nos deux héros ont une imagination tournée vers le puéril, je pense que ceux qui ne rient pas du tout n'accrochent pas à la sorte de tendresse qui anime l'écriture, mais je peux garantir que, si ça nous correspond, on trouve là un gag manga qui est réussi.
Au passage, si les gags sont indépendants des autres, ce qui est normal vu le concept, il n'est pas tout à fait vrai de dire qu'il n'y a pas de fil narratif. Il y a pas mal de rappels à de précédents situations de gags, il y a une série sur les amours de Seki et Rumi qu'imagine Goto avec même un gag de rumeur auquel Goto ne participe pas encore. La petite soeur de Seki est liée à plusieurs gags avec rappel de situations antérieures. Il y a aussi un motif amorcé du manque d'attention en classe de Rumi Yokoi repéré par les professeurs. Le retour de la famille robot crée aussi un arc narratif qui fait qu'il vaut mieux pour apprécier certains gags avoir lu les volumes et les gags précédents, etc. Evidemment, on ne va pas chercher à ces liens une attente de récit qui aura une fin, il s'agit de procédés attachants, pas du début d'une simili intrigue.
Les gags sont probablement initialement publiés dans un magazine, et s'ils sont pour l'essentiel en noir et blanc, au début du cinquième tome on a quatre pages en couleurs, ce qui correspond sans doute à une publication dans un numéro de la revue qui mettait en valeur un gag manga qui allait bientôt devenir une série animée.
A la fin de chaque volume, nous avons droit à des bonus et au moins à un gag mettant en scène l'auteur lui-même, avec un dessin moins soigné. Le gag à la fin du cinquième volume annonce l'adaptation en série animée.
Les couvertures et dos de couverture se répondent avec leurs propres gags indépendants. Chaque gag est numéroté comme un cours, ce qui est parfois contradictoire avec les données du gag, mais le premier dessin surprend, car la première case est souvent un gag à part, le récit ne commençant qu'à la case suivante. Par exemple, pour le 19ème cours, vous avez une case comique représentant Seki à son pupitre soulevant une nappe qui borde son pupitre, il y a un service installé : assiette, verre, fourchette, cuillère, et au second plan, on a de profil Rumi Yokoi qui transpire, pleine d'appréhension, à son pupitre, avec livre et cahier ouverts, elle est en train d'écrire. On se dit que la situation est invraisemblable, on se dit qu'elle a peur qu'en soulevant la nappe Seki renverse l'assiette, etc. Mais c'est juste un dessin. Les cases en-dessous, c'est un tout autre gag qui commence. Seki joue au shogi sur son pupitre.
Je n'ai pas commenté le dessin de l'auteur, mais je pense que j'ai dit pas mal de choses originales sur ce gag manga qu'on ne trouve pas dans d'autres critiques.
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Créée
le 21 nov. 2018
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