Sans texte (ou presque), avec ses habituels dessins noirs et blancs, Marc Antoine Mathieu nous plonge une fois de plus dans un univers parallèle, complètement absurde et qui pourtant fait échos au nôtre.
Ici un homme suit des flèches, en permanence. (magnifique résumé du livre qui n’est “que” ça).
Si bien qu’il est perdu quand il n’en voit pas, et se met à chercher jusqu’à retrouver une direction, comme un objectif de vie. La direction qu’on a décidé pour lui, celle qu’il se croit obligé de suivre, celle qu’un dessinateur a tracée pour lui?
On ne sait pas, et on pourrait sans doute interpréter à l’infini (ou pas loin) cet album qui à base de décors dénués se prête à toutes les élucubrations.
On pourrait se moquer de cet homme qui suit la direction qu’on lui indique sans se poser de question, on pourrait en dire autant du lecteur qui tourne page après page pour suivre le héros.
Est-ce le héros qui suit les flèches ou nous d’ailleurs?
L’avantage avec Marc Antoine Mathieu, c’est qu’on est à la fois spectateur et acteur de la BD, et que facilité de lecture ne veut pas dire repos du cerveau. D’ailleurs il nous fait plancher en nous proposant de décrypter deux phrases perdues au milieu d’une étendue de vide, jetées là pour qu’on les trouve, et nous laisser avec l’impression d’avoir découvert la lune. Le lecteur s’empresse de les traduire, comme si une flèche lui avait indiqué la bonne direction. Vous avez-dit mouton?
Magnifique mise en abyme que cet album pas si absurde qu’on pourrait le croire, ou au contraire totalement absurde mais auquel on se plait à donner du sens….