B. Oui, B, voilà le réel titre de cet ouvrage de Marc-Antoine Mathieu, car la flèche qui fait office de titre, traduite souvent par le mot « sens », n’est autre qu’un B, si l’on décode correctement les symboles présents dans l’album. Il ne faut pas se tromper de sens, surtout quand c’est absurde.
B, bouche bée pour certains, béance pour d’autres. Ma première déception avec Marc-Antoine Mathieu. L’ouvrage n’est pas d’un abord facile, moins que ses autres productions. Il se lit vite, tellement vite que c’en est frustrant, vu le prix, vu ce que je connais du travail de MAM et de ce que j’attendais de cette lecture.
En outre, je n’aime pas trop les flèches. Peut-être parce que je ne suis pas réputé pour en être une et que je suis jaloux des autres, peut-être parce que je tiens trop à ma liberté, peut-être parce que je préfère les chemins détournés. En tout cas, cet album sans titre me laisse sans voix, bouche bée, ce qui était peut-être prévu par le génial auteur, si l’on décode bien le titre !
Car il s’agit du sens de la vie, rien que ça, c’est bien la vie d’un homme de la naissance à la mort qui est narrée ici : la naissance, le hasard, les recherches, la quête de soi, les obstacles, et les solutions, les fausses routes, les certitudes qui se brisent, près de vous anéantir, le noir puis les espoirs, les montagnes à gravir sans se désorienter, le destin qui vous porte, la nécessaire ténacité, malgré les doutes ou la peur ; la circonspection, on se cherche encore, ou alors on cherche un sens à la vie, on imagine une force supérieure à laquelle il serait bon de croire, mais nous sommes seuls, définitivement seuls, on est rattrapés par notre destin et par la mort qui nous attend, et qu’il faut bien accepter car le temps est à sens unique.
N’empêche, ce parcours est trop abscons pour moi, pas assez guidé, malgré le fléchage. Une route, sans échappatoire, même si c’est un peu cela, la vie. L’originalité ne fait pas tout, sans parler de quelques détails sur lesquels je bute et qui m’ont laissé au bord du chemin. Bref, l’aspect fascinant de l’ouvrage n’a pas suffi à combler mes attentes. Peut-être que je n’ai pas réussi à accepter l’absurde ! Comme l’homme du livre, je continue de chercher ma voie, solitaire.