Sympa ce truc ! Bon, je précise que c'est la réédition que j'ai entre les mains, avec une couverture différente et un titre légèrement différent ("une histoire du sexe"), puisqu'en français. Je ne sais pas s'il y a eu des modifications quant au contenu, mais je suppose que si c'est le cas, ce ne doit pas être énorme, donc je me permets de critiquer sur cette fiche-ci.
C'est intéressant du début à la fin. On apprend plein de choses dont on ne parle pas assez, c'est passionnant ; c'est rythmé, les récits étant assez courts, du coup on ne s'ennuie pas ; c'est assez comique : les auteurs distillent pas mal d'humour, alors forcément, ça rend le tout plus digeste, plus facile à appréhender. Mais tout n'est pas bon dans ce bouquin.
C'est trop concis : beaucoup de passage où l'on aurait aimé que les auteurs approfondissent. C'est bien, c'est riche, mais par moment il y a un effet zapping, car je suis sûr qu'il y aurait eu moyen d'approfondir pas mal de choses. Evidemment, l'album aurait été au moins deux fois plus long, mais je pense qu'une Histoire du sexe mériterait bien ça. C'est bien simple : à la fin du bouquin, on ne peut s'empêcher de penser : et c'est tout ? Il y a tellement de choses laissées de côté, c'est un peu triste.
Ça manque parfois de recul : on dirait que les auteurs ont trouvé des textes qui disent que c'était comme ça à l'époque, comme des gens pourraient croire un jour qu'aujourd'hui les gens vivent au travers de leur technologie et de la télé-réalité. C'est en grande partie vraie, mais il y a beaucoup plus de nuances que cela. Ce n'est évidemment pas possible de retranscrire toutes les nuances, j'en suis conscient, mais ici on a l'impression que c'était comme ça et puis c'est tout ; laisser entendre qu'il y a des nuances sans forcément les aborder aurait déjà été une bonne chose.
L'esprit féministe prend parfois un peu le pas sur le neutralité historique. C'est bien d'avoir un point de vue, mais dans le cadre d'une histoire, les convictions n'ont pas vraiment leur place. Cela se ressent surtout au début où l'intégration de ces convictions dépassent un peu trop que sur la fin où ça paraît logique d'aborder cela. N'empêche qu'on sent un peu trop, de manière générale, une envie de parler de l'histoire de la position de la femme plutôt que d'une vraie histoire du sexe.
Niveau graphisme, j'ai beaucoup apprécié le trait de Laetitia Coryn dont je ne connaissais rien. Je la trouve très douée : elle parvient avec peu de trait à restituer une époque et une expression. On sent que l'auteure a fait énormément de recherches au niveau des costumes, c'est assez impressionnant de voir un tel déploiement graphique. Les décors étant plus minimalistes, c'est moins évident de la féliciter pour sa recherche à ce niveau-là mais ça reste tout de même cohérent. Ses personnages sont bien représentés : expressifs tant de visage que de corps, souvent pour renforcer le côté humoristique.
La mise en scène d'un tel genre de récit n'est pas très intéressant de manière général, mais elle parvient à le faire oublier ; j'aimerais bien découvrir son découpage pour une scène d'action par exemple, voir comment elle gère les points de vue etc. Son encrage est également efficace : elle gère magnifiquement bien les pleins et les déliés, un vrai régal pour les yeux.
La mise en couleurs est un peu décevante. Je n'ai rien contre le fait de n'utiliser qu'une couleur et ses dérivés (j'ai oublié le terme technique) mais parfois ça paraît un peu approximatif. Il y a aussi deux chapitres pour lesquels les couleurs sont trop foncées, ce qui rend la lecture de certains textes compliquée. Heureusement, ces deux points ne sont pas majoritaires, la plupart du temps on voit ce qu'il faut voir et les éléments sont bien 'coloriés'.
Le texte, bien que réalisé à l'ordinateur, reste agréable aux yeux, sans doute de par le concept historique. Et puis la typo n'est pas froide comme on peut le voir parfois (surtout dans les comics).Enfin, quelques onomatopées réalisées à la main restent et amènent plus de chaleur.
Bref, cette BD fut fort agréable à lire même si j'ai pu constater quelques défauts. Dommage que ça soit si court (1000 pages auraient sans doute mieux rendu justice au sujet).