Le thème de Shigurui est annoncé d'emblée par le dessinateur : la cruauté
Derrière ce postulat évoquant l'immonde se cache pourtant une réelle beauté parfaitement retranscrite, si ce n'est sublimée par le trait magnifique de Takayuki Yamaguchi.
En effet le dessin atteint ici un niveau d'une rare perfection, les corps comme les décors sont détaillés au coup de pinceau près et chaque page même la plus anodine a le pouvoir de laisser sans voix, ne serait ce que feuilleter un tome est une expérience à part entière.
Il serait pourtant dommage de s'arrêter là car cette beauté de la cruauté est également omniprésente tant dans le scénario que la narration et les personnages.
Shigurui c'est une histoire de samouraï dans tout ce que ces guerriers avaient de plus contradictoire, de plus extême et de plus sombre.
Nous y suivons donc 2 disciples de la même école que tout oppose à première vue et que le destin va lier à travers leur amour pour le sabre et le sang, leur rivalité va se poursuivre durant des années et entrainer avec elle son lot de massacres et de flots d'hémoglobine.
Ce mélange entre perfection du dessin, cruauté de l'univers et tragédie du destin m'a inévitablement fait penser à Berserk, le côté métaphysique et monstrueux en moins.
Je pense que toute personne ayant aimé le chef d'oeuvre de Kentaro Miura pourrait succomber au charme fatal de Shigurui et je ne saurai que trop conseiller ce manga au style beaucoup trop rare en France.
Pour les autres lisez et Berserk et Shigurui!
Je vais rester succint volontairement dans ma présentation de l'oeuvre pour laisser la chance aux potentiels futurs lecteurs de découvrir totalement cet univers de cruauté sans connaissance préalable.
Attention cependant âmes sensibles s'abstenir, les viscères volent par kilos, le sang coule par litres et les corps sont meurtris à la chaîne mais tout cela toujours avec le plus grand charme.
Le seul bémol que j'émettrai serait à propos de la fin que j'ai trouvé un poil rapide là où la série dans son ensemble avait su prendre le temps de la contemplation et de laisser les choses se poser, la dernière des cruautés est donc pour le lecteur avec cette fin ( ce n'est que mon avis, elle pourrait tout à fait plaire à certains)
Mention spéciale pour la superbe réédition que propose Meian à un prix très abordabe, un grand merci à eux!